Le clan présidentiel achète des espaces dans les médias étrangers pour défendre le 4e mandat

Les membres du gouvernement et ceux du staff présidentiel sont de plus en plus acculés par les événements, preuve est qu’ils se sentent obligés d’investir tous les médias, nationaux et internationaux, pour tenter à la fois de soigner leur image largement écornée par les turpitudes accumulées depuis quelques mois et vendre cette idée de candidature d’un président dont toute la planète sait qu’il est physiquement incapable d’assumer ses fonctions. Une sorte de lobbying qui a amené le ministre du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement, Amara Benyounès, l’un des propagandistes les plus actifs du gouvernement et partisan zélé de Bouteflika, à s’offrir un espace payant dans un journal électronique français Al Huffington Maghreb, édité par le journal américain The Huffington Post en partenariat avec Le Monde. Ce mode de publication est une pratique courante dans les grands journaux internationaux, et français notamment, qui permet à certaines interventions, à caractère publicitaire ou de propagande, d’être publiées dans les pages réservées aux débats. Ce qui se fait aussi dans des chaînes de télévision comme Berbère TV qui invite jeudi prochain Ahmed Ouyahia dans le cadre de la même campagne. Dans sa contribution qu’il signe en sa qualité de ministre et de secrétaire général de son parti, le MPA, Benyounès veut faire admettre que le processus électoral se déroule dans les meilleures conditions et que tout ce qui se dit en Algérie n’est que l’œuvre des «amateurs de vaines polémiques, déniant au Président même ce droit (de se présenter aux élections, ndlr), faisant fi des dispositions constitutionnelles en la matière». Reprenant la fameuse rengaine qui se répète dans tous les discours : «Quant à ceux qui évoquent l'état de santé du Président pour lui barrer la route d'un nouveau mandat, écrit-il, une seule réponse : on ne peut imaginer le président Bouteflika, un combattant de la première heure qui a consacré sa vie au pays, briguer un nouveau mandat s'il n'a pas l'assurance et la conviction d'être à la hauteur des missions qui seraient alors les siennes.» Avant d’arriver à l’objet de son intervention, Benyounès tente une analyse de la position géopolitique de l’Algérie et s’attaque d’emblée au «Printemps arabe», et dénonce l’alliance des monarchies du Golfe avec les puissances occidentales pour mener ce projet de destruction du monde arabe. «Pour les esprits lucides et impartiaux, affirme-il, cela suffisait déjà à jeter le doute sur les véritables motivations de ces mouvements ou, en tout cas, de leurs sponsors étrangers». Il fait ensuite le bilan des ces «révolutions» qu’il juge tout simplement «désastreux». Pour l’auteur, l’Algérie «constitue une exception dans la sphère arabo-musulmane». Son seul argument : «Jaloux de leurs droits et de leurs libertés, les Algériens ont été les artisans de leurs propres printemps, loin des manipulations et des effets de mode», explique-t-il. Dans son analyse de l’évolution politique de l’Algérie indépendante, il vante les mérites d’une ouverture démocratique «exceptionnelle» dans le monde arabe. L’auteur rappelle la tragédie vécue dans les années 1990, en prêchant l’évidence : «L'Algérie a fait face au terrorisme qu'elle a vaincu. Elle l'a vaincu seule, en payant le prix fort, dans l'incompréhension générale, sinon la complicité parfois assumée de certaines parties.» Pour lui, ce sont tous ces facteurs qui ont fait que le «Printemps arabe se soit arrêté à nos frontières» ! Les tentatives de déstabilisation n’ont jamais cessé. Il dit que l’attaque de Tiguentourine en est une, mais n’en dit pas plus.
R. Mahmoudi
 

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