Les universitaires appellent à des sit-in contre le 4e mandat

Le groupe des enseignants universitaires opposés au quatrième mandat décide de réoccuper le terrain. Après leur rassemblement tenu avec succès à l’Université de Bouzaréah, ces enseignants, issus de milieux et de spécialités différents, vont se regrouper demain mercredi pour un deuxième sit-in de dénonciation du quatrième mandat et du système actuel. Leur action se veut cette fois-ci nationale. «Nous appelons l’ensemble de la communauté universitaire –enseignants, étudiants, employés administratifs- à se rassembler le mercredi 19 mars dans tous les établissements universitaires du pays», écrivent-ils dans une nouvelle déclaration rendue publique aujourd’hui et signée par 25 enseignants. Ils disent rester mobilisés pour le combat pour la dignité. «A l’issue de cette manifestation, et après avoir pris la mesure de l’inquiétude qui ronge ces intellectuels, une réunion a permis l’échange de points de vue. L’ensemble des signataires de cet appel tient à témoigner avec détermination de l’état de notre pays», souligne-t-on, considérant que «cet état des lieux repose sur l’observation d’un épuisement du système de gouvernance politique en place». Ils disent avoir constaté avec regret qu’ils ne parviennent plus à organiser une reproduction des connaissances et des élites dans cet espace marqué par l’absence de l’autonomie des universités, des franchises universitaires, de l’achat de la paix sociale par une délivrance de diplômes qui est une course en avant. Comme le pouvoir, ils considèrent ainsi que l’Université a perdu sa légitimité. Ils relèvent dans leur déclaration cette «situation d’insécurité devenue structurelle, instrument de gouvernement, qui a permis à des individus sans légitimité politique et sans compétences de mettre la main sur les richesses de ce pays, distribuant quelques prébendes à une population transformée en clientèle». Ainsi, soutiennent-ils, «aujourd’hui, le découragement, le dégoût, la honte et la colère, créés par une telle situation de représentation caricaturale de l’Etat, d’appropriation privée des institutions, des biens et du fonctionnement de notre pays, ne peuvent que le placer à la merci de n’importe quel coup de force, d’où qu’il vienne». Ils placent l’enjeu politique au-dessus du nombre de mandats. Une telle revendication, estiment-ils, ne peut viser qu’à changer la figure du représentant du système en place, sans remettre en cause le fonctionnement du pays. D’où leur réclamation d’un changement profond du système afin de préparer l’avenir. Un avenir qui ne peut se faire sans les intellectuels et l’université. «Toute proposition sérieuse devra viser à exiger un changement de système et l’avènement d’une République algérienne nouvelle respectueuse de tous et de toutes», poursuit-on, affirmant que l’Algérie «est riche en potentialités jeunes, matérielles et intellectuelles, nourries de l’amour de la patrie et en mesure de construire un avenir de stabilité et de développement». Il suffit de leur permettre de travailler. Parmi ces enseignants signataires de cet appel, on trouve Rachid Tlemçani, Nacer Djabi, Fatma Oussedik, Abdelhamid Bourayou, Mohamed Hennad et bien d’autres grosses pointures de l’Université algérienne.
Sonia B.
 

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