Vincent Geisser : «Ennahda servait d’intermédiaire entre les islamistes algériens et la DST»

C’est une révélation fracassante que vient de faire Vincent Geisser, chercheur au CNRS et détaché à l’Institut français du Proche-Orient, sur la chaîne de télévision tunisienne Nessma TV. «Je vais vous donner un scoop et c’est le résultat de nos recherches : les militants d’Ennahda qui étaient exilés en France servaient d’intermédiaires entre les services secrets français et les islamistes algériens dans les années 1990.» Le chercheur français, spécialiste de la mouvance islamiste dans le monde arabe, a fait cette révélation lors d’un débat sur le mouvement Ennahda et les derniers développements politiques en Tunisie. L’implication directe de la France dans les événements sanglants en Algérie des années 1990 n’est plus à prouver. Et si la page du terrorisme est presque totalement tournée en Algérie, même s’il subsiste des poches terroristes çà et là, il n’en demeure pas moins que tout n’a pas encore été dit sur cette tragédie qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et fait faire à l’Algérie un immense saut en arrière en matière de développement. Le chercheur français n’a émis aucun doute quant à la véracité de son information, résultat, a-t-il insisté, de longues recherches qui confirment, d’un autre côté, que les services secrets français ne peuvent qu’être impliqués directement ou indirectement dans de nombreux événements qui se sont déroulés dans notre pays. Les tentatives de ces mêmes services, à travers leurs agents, en France comme en Algérie, et des organisations agissant sous le couvert de la défense des droits de l’Homme, de déstabiliser l’armée et les services de renseignements algériens participent de cette même logique. Récemment, les médias se sont fait l’écho d’opérations d’espionnage françaises visant l’Algérie. Mais l’information est passée presque inaperçue, dans la mesure où elle s’apparente à une vérité de La Palice, Paris ayant toujours tendu l’oreille pour s’assurer qu’il ne perde pas ses intérêts en Algérie. Ce qui est nouveau dans la révélation de Vincent Geisser, c’est la collusion entre le mouvement islamiste Ennahda de Rached Ghannouchi et les services secrets d’une puissance étrangère. Dès lors, une question se pose : le chef historique du mouvement islamiste tunisien, qui a effectué plusieurs déplacements en Algérie ces derniers mois, sert-il de taupe pour le compte de la France ? Cela n’est pas impossible, d’autant qu’il est connu, dans les milieux de l’espionnage, qu’un service secret ne se sépare jamais de ses agents qui lui sont liés à vie.
Karim Bouali
 

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