Un millier de policiers mobilisés pour le meeting d’Ouyahia à Béjaïa

Echaudées par la mauvaise expérience du meeting de Sellal samedi dernier, les autorités de la willaya de Béjaïa, en étroite coordination avec la direction de campagne de Bouteflika, ont mobilisé tous les moyens humains et matériels pour réussir le passage d’Ahmed Ouyahia, l’autre animateur de la campagne du président-candidat. Des centaines de policiers ont été déployés dès la première heure, aujourd’hui vendredi, autour de la «Salle bleue» qui devait abriter ce meeting, et ce, sur un rayon d’un kilomètre. Grâce à ce bouclage hermétique et une organisation renforcée à l’entrée de la salle, le meeting a pu avoir lieu sans le moindre incident ni la moindre contestation à l’extérieur du site. Même les organisations de la société civile, comme le mouvement Barakat, qui contestent l’élection du 17 avril ou s’opposent au quatrième mandat, n’ont pas daigné manifester cette fois-ci. Pour les organisateurs, c’est un «grand succès», même si le public venu écouter – ou plutôt acclamer – Ahmed Ouyahia était relativement peu nombreux, estimé par les organisateurs eux-mêmes à quelque 2 000 personnes. Dans son discours, Ahmed Ouyahia s’est longuement attardé sur le bilan de quinze années de règne de Bouteflika, en énumérant toutes «les réalisations» : infrastructures, logement, l’emploi et le retour à la paix. S’exprimant exclusivement en kabyle, l’orateur reproche, mais avec un ton très modéré, aux adversaires du Président leur «alarmisme», qui tend, selon lui, à «démotiver les Algériens» et «semer le désespoir chez la jeunesse». Il a de nouveau exprimé son rejet du changement venant de la rue, qui est, pour lui, « source d’instabilité» et «une porte ouverte au printemps arabe». L’hôte de Béjaïa n’a pas manqué de faire l’éloge de la capitale des Hammadites et de toute la Kabylie, en rendant un hommage particulier à Hocine Aït Ahmed et aux martyrs de 1963. Dans la salle, de nombreuses figures connues, à l’image de l’omniprésent Ali Haddad, le patron de l’ETTHB, qui n’a pas quitté Ouyahia d’une semelle durant tout son déplacement à Béjaïa comme partout ailleurs, et d’Abdeslam Bouchouareb, bras droit de l’ex-Premier ministre. Ont aussi assisté à ce meeting d’anciens animateurs du mouvement des arouchs, et des représentants de partis politiques, comme le MPR, nouvelle formation fondée par Rabah Boucetta et des dissidents du RCD, présents en force dans la salle, et également des personnalités connues comme Rachid Dali, ancienne gloire de l’équipe nationale de football et de la JSK dans les années soixante-dix.
Les secrets d’un «succès»
Il faut dire que c’est avec une très grande inquiétude que le staff électoral du président sortant appréhendait ce rendez-vous, au vu de ce qui s’est passé samedi dernier à l’annonce de la venue d’Abdelmalek Sellal dans cette ville pour un premier meeting électoral, empêché par des manifestations violentes. N’empêche que les partisans de Bouteflika se disaient déterminés à le maintenir coûte que coûte. «C’est une question d’honneur !» répétait-on au niveau de la direction de campagne du candidat absent et de sa représentation à Béjaïa. Pour parer à un éventuel dérapage qui risquerait de leur coûter cher, les organisateurs du meeting de ce vendredi ont, dans l’urgence, échafaudé une nouvelle stratégie. Selon nos informations, la direction centrale aurait instruit le directeur de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, Ould-Ali L’hadi, un proche d’Amara Benyounès et l’homme qui a réussi le passage de Sellal à Tizi Ouzou, dimanche dernier, de chapeauter l’organisation du meeting d’Ouyahia dans cette ville rebelle, du moins dans son aspect politique. Car, au plan sécuritaire, des mesures ont été prises pour renforcer le dispositif prévu pour les meetings électoraux, et des changements à la tête de la direction de sûreté de wilaya et au niveau de l’école des CNS d’Oued Ghir ont été opérés, suite aux événements de samedi, où les forces de l’ordre n’ont pas réussi à assurer la sécurité autour de la maison de la culture qui a été dévastée et incendiée par des centaines de jeunes émeutiers. La nouvelle stratégie élaborée par les organisateurs consistait à mettre en place un plan opérationnel visant à «absorber», à défaut de neutraliser, les groupes d’émeutiers, avant le début du meeting, et ce, en procédant à une «campagne de sensibilisation» de ces groupes émargeant généralement au sein des supporters du club fétiche de la ville des Hammadites, le MOB.
Rabah Aït Ali
  

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.