Le PDG de Schneider Electric Algérie : «La règle 49/51 nous satisfait»

Christophe Begat. D. R.

Algeriepatriotique : Vous avez réussi à décrocher plusieurs marchés en Algérie. Où en êtes-vous ?

Algeriepatriotique : Vous avez réussi à décrocher plusieurs marchés en Algérie. Où en êtes-vous ?

Christophe Begat : Nous avons deux façons de nous positionner sur le marché algérien. La première, c’est que nous fabriquons localement nos équipements que nous distribuons sur le marché algérien ; la deuxième, c’est qu’à travers nos équipes et nos services, nous sommes amenés à soumissionner pour des projets. Aujourd’hui, nous avons beaucoup investi pour fabriquer localement des équipements qui vont être mis à disposition des acteurs du marché de l’énergie : les clients de Sonelgaz, Sonelgaz ou Sonatrach, ou les clients énergivores comme peuvent l’être les cimenteries. Nous avons signé, récemment, des accords de licence pour faire du transfert technologique auprès de PME algériennes qui vont fabriquer également des équipements pour le marché algérien, et cela c’est important. Nous organisons des séances de formation pour nos collaborateurs, mais également pour les partenaires algériens afin qu’ils soient à la pointe de la compétence technologique pour assembler ces équipements. Nous sommes aussi amenés à prendre en charge des projets, souvent clé en main, surtout pour Sonelgaz ou ses filiales, ou, comme nous l’avons fait récemment, pour l’Agence nationale des autoroutes, notamment le gros projet de tunnels pour l’activité transport et travaux publics. Nous devions fournir – et nous l’avons fait – et installer tous les équipements de sécurité du tunnel de Lakhdaria-Larbatache sur l’autoroute Est-Ouest, qui permet d’assurer à l’ensemble des usagers une sécurité optimale.

Schneider Electric Algérie est dans une nouvelle phase de redéploiement et de renforcement de ses activités axées sur le secteur du transport. Pourquoi ce choix ?

C’est vrai que, traditionnellement, nous sommes sur les métiers de la distribution électrique, du contrôle industriel et de l’automatisme et sur des secteurs d’activité comme l’infrastructure, le bâtiment et l’énergie. Et la conjonction de ces deux paramètres importants a conduit vers la réalisation du projet du tunnel. Schneider a fait l’acquisition, il y a deux ans et demi, d’une société qui s’appelle Telvent, d’origine espagnole, spécialisée dans le domaine de la signalisation pour le transport. Cette société a eu la référence du système de signalisation pour le tramway d’Oran. Donc, ceci a fait qu’aujourd’hui, nous avons la légitimité pour nous positionner sur les projets transports, que ce soit des projets de tramway ou ferroviaires.

Allez-vous orienter votre activité vers d’autres secteurs que le transport et les travaux publics ?

Le transport et les travaux publics sont pour nous une nouvelle activité que nous développons. Nous avons l’avantage de fabriquer en Algérie des équipements qui peuvent servir dans ces deux secteurs. Nous pouvons fournir toute la gestion de l’énergie ; avec la société Telvent, pour la partie système, nous pouvons faire beaucoup sur ces segments. Nous gardons tout de même nos activités traditionnelles qui sont l’énergie, le pétrole, l’industrie, le bâtiment et l’infrastructure.

Allez-vous assurer un transfert de technologie vers l’Algérie ?

Nous avons démarré ce principe en 2010, l’année où nous avions signé le premier accord de transfert technologique pour permettre à l’un de nos partenaires historiques, Salgepem en l’occurrence, de fabriquer des kiosques qui sont, en fait, des postes béton : ces enveloppes dans lesquelles on trouve des disjoncteurs, transformateurs et des parties basse tension. Notre partenaire les fabrique sous licence Schneider Electric. Cela, nous l’avons démarré 2010 ; en 2013, nous avons signé deux accords de licence : l’un avec la même société, mais cette fois-ci pour fabriquer des cellules, les mêmes qu’on fabrique chez nous à l’usine, l’autre avec la société Remelec qui va fabriquer à la fois des transformateurs de distribution et également des cellules SM6, que nous fabriquons aussi dans notre usine. Pour ce qui concerne la formation, il y a trois choses à prendre en compte : premièrement, le transfert technologique doit s’accompagner d’un engagement de formation auprès de nos partenaires, chose que nous faisons. Deuxièmement, chez Schneider Electric, il existe un centre de formation agréé par le ministère de la Formation professionnelle. Et ce qui est bien, c’est que nous pouvons recevoir des clients au sein du centre, pour suivre des formations, ou bien d’aller le faire sur leur propre site. Troisièmement, c’est le centre d’excellence, dont l’accord a été signé en décembre dernier avec le ministère de l’Education nationale français et le ministère de la Formation professionnelle, qui sera en charge de former des formateurs. Le ministère de l’Education français va mettre à disposition un enseignant pendant trois ans, le ministère de la Formation va mettre à disposition des locaux et des formateurs qui vont venir se former, et Schneider Electric va mettre en œuvre toute la plate-forme didactique qui va être utilisée par ce centre de formation.

Les investisseurs étrangers voient dans la règle 49/51 un frein à leurs investissements en Algérie. Etes-vous du même avis ?

C’est vrai que lorsqu’elle a été mise en place en 2009, dans le cadre de loi de finances complémentaire, elle a été vue comme un frein par certains investisseurs étrangers. On peut dire aussi que les acteurs industriels français qui étaient déjà présents connaissent bien l’Algérie et travaillent avec des partenaires algériens, donc, pour eux, cela a été plus une opportunité de se développer qu’une crainte. Concrètement, les accords 49/51 concernent surtout les entreprises françaises, car nous avons l’avantage de connaître l’Algérie par rapport à d’autres investisseurs européens qui n’ont pas forcément l’habitude de travailler dans ce pays, mais nous, ce qu’on peut dire c’est qu’aujourd’hui, les entrepreneurs sont satisfaits, donc ça marche. La conclusion aujourd’hui est de dire que ce système peut-être une opportunité pour ceux qui sont prêts à prendre le risque.

Un exemple…

Je prends l’exemple de nos confrères d’Alstom qui ont démarré la fabrication des cabines de tramway. Ils le font avec un partenaire algérien qui s’appelle Cital. Ils sont en train de monter une usine à Annaba pour construire le matériel roulant pour les tramways. Cela se fait en conformité avec la règle 49/51et jusqu’à aujourd’hui, ça marche très bien.

Entretien réalisé par Houneida Acil
 

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