L’étrange soutien implicite de la France officielle et des médias français au président Bouteflika

La France ne peut pas le déclarer ouvertement. Ce serait une ingérence flagrante dans les affaires intérieures d’un pays souverain. Mais plusieurs éléments tendent à démontrer que Paris soutient implicitement le candidat à sa propre succession, Abdelaziz Bouteflika. Comment et pourquoi ? Tout semble s’être joué après le transfert en urgence du Président à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, suite à son accident vasculaire cérébral. S’il est difficile de savoir pourquoi le chef de l’Etat a été admis dans cette institution qui relève des forces armées françaises et qui en a pris la décision, plusieurs indices prouvent, néanmoins, que beaucoup de décisions «de dernière minute» y ont été prises. Depuis cette date, rien ou presque ne fonctionne normalement dans le pays. Alors que tout le monde s’attendait à un retrait de Bouteflika et à la convocation du corps électoral pour une élection présidentielle anticipée, vu sa grave maladie, d'aucuns seront surpris par la persistance de ce dernier à se maintenir en poste bien qu’impotent et, surtout, à l’apparition soudaine d’un clan autour du Président qui, depuis, lui sert à la fois de pare-chocs, de haut-parleur, de béquilles et de gourdin. Non seulement Bouteflika ne s’est pas retiré au moment de son AVC, mais, à la surprise générale, il s’est déclaré candidat pour un quatrième mandat. Les Algériens, au départ médusés, n’ont pas eu le temps de digérer ce choix «audacieux», qu’ils se surprennent à découvrir que les médias français, très intéressés par les événements qui se déroulent de ce côté-ci de la Méditerranée, les «rassurent» sans cesse sur l’état de santé de leur Président. Ils vont jusqu’à «confectionner» des sondages qui donnent le candidat Bouteflika gagnant dès le premier tour de la présidentielle de ce jeudi, l’agence officielle française AFP jouant un rôle important dans cette campagne d’outre-mer en faveur du président-candidat. Les deux dernières sorties impensables d’Abdelaziz Bouteflika qui s’est plaint en direct à la télévision de son rival Ali Benflis, sans le citer, ne font que confirmer sa propension à vouloir s’appuyer sur l’étranger pour se maintenir en place pour quelque temps encore. Pour quoi faire ? Qui le lui a demandé ? L’avenir nous le dira. Entretemps, et outre les sondages «favorables» et l’état de santé «en constante amélioration» du président septuagénaire, les médias français relaient des informations distillées par le Quai d’Orsay qui «ressuscitent» le terroriste – agent de la France ? – Mokhtar Belmokhtar, après l’avoir abattu au Niger. Ce dernier se trouverait désormais en Libye d’où, nous explique la presse française, il compterait porter des coups sévères contre l’Algérie à la tête d’un nouveau groupe islamiste armé réunifié sous sa férule. Voilà donc qui n’est pas fait pour rassurer les Algériens qui craignent fort qu’une fragilisation du front intérieur, suite à l’élection présidentielle, puisse donner des ailes au terroriste fantôme que seul un pays dirigé par un président invisible devrait pouvoir neutraliser. Même Aristote, le père de la logique, s’y perd.
M. Aït Amara
 

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