Netanyahou veut consacrer l’apartheid en retirant la nationalité israélienne aux Arabes d’Israël

Les craintes du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, exprimées récemment de voir Israël courir le risque de devenir un Etat d’apartheid s’avèrent parfaitement justifiées après la décision du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, de faire voter une loi consacrant un Etat juif. Cela signifie que ne pourront être considérés comme israéliens que les juifs. Le quart de la population actuelle constituée d’Arabes musulmans et chrétiens sera exclu de la nationalité israélienne par cette loi si elle vient à être votée. «L'Etat d’Israël n'est l'Etat que d'un et un seul peuple, le peuple juif», a déclaré le Premier ministre israélien. C’est absolument clair. Une telle situation ne peut être définie que par le concept de discrimination que l’on croyait définitivement abandonné par les Etats modernes après la fin du régime de l’apartheid en Afrique du Sud. L’apartheid est contraire à tous les principes démocratiques dont a été affublée l’entité sioniste par les pays occidentaux, malgré sa politique ouvertement raciste et fondée sur les brimades et la violence contre les Palestiniens des territoires occupés. En agissant de la sorte, Netanyahu veut fermer la porte à un Etat israélien binational qui cohabiterait avec un Etat palestinien ouvert, lui, à toutes les confessions, comme le proclament depuis longtemps les dirigeants de l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP). Cette dérive engagée par Netanyahu est une réaction maladroite à une série d’initiatives palestiniennes qui renforcent leur lutte pour la libération des territoires occupés et l’édification de leur Etat avec pour capitale El-Qods. L’initiative la plus stratégique des Palestiniens est celle qui a abouti à l’accord de réconciliation passé entre le Fatah et Hamas. Ces deux mouvements ont développé entre eux, durant des années, une hostilité si forte qu’elle a même provoqué à plusieurs reprises des conflits armés sanglants. Or, voici qu’ils décident non seulement de mettre de côté leurs divergences, mais de s’entendre pour la constitution d’un gouvernement d’unité nationale. Les dirigeants sionistes ont compris la portée de cette démarche et ont riposté, en prenant la décision grave de suspendre les négociations de paix avec les Palestiniens. La décision de Netanyahu concernant l’Etat juif traduit la volonté de tuer tout le processus de paix, sachant que le mouvement palestinien – le président palestinien Mahmoud Abbas vient de le confirmer – refuse de reconnaître Israël comme un «Etat juif». Le Premier ministre israélien, en engageant son pays dans cette impasse, l’isole encore plus, y compris parmi ses amis, en premier lieu américains qui ne cachent pas leur mécontentement et leur agacement devant cet extrémisme. Mais il n’est pas sûr que Netanyahu réussisse dans son entreprise ; dans son propre camp, des dirigeants plus intelligents s’y opposent, ayant compris que la seule, voire raisonnable, solution est celle du processus de paix vers la cohabitation de deux Etats, ouverts à toutes les confessions. L’illustration de cette fronde est donnée par la position de la ministre de la Justice israélienne, Tzipi Livni, qui a appelé dimanche à traiter les exactions des colons et extrémistes juifs contre des Palestiniens ou Arabes israéliens comme des actes «terroristes».
Kamel Moulfi
 

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