Echec ou victoire ?
Par R. Mahmoudi – La démission de Lakhdar Brahimi de son poste d’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie était déjà dans l’air depuis plusieurs semaines. Lui-même avait à plusieurs reprises menacé de rendre le tablier, sans avoir eu l’audace d’avouer son échec, qui est d’abord, il faut le dire, celui d’une «communauté internationale» pressée d’en découdre avec le régime syrien. Brahimi a compris que sa mission était arrivée à son terme lors de la conférence Genève-2, où les grandes puissances, appuyées par les émirats du Conseil de coopération du Golfe (CCG), avaient pesé de tout leur poids pour faire plier la délégation syrienne, laquelle, contre toute attente, avait posé le préalable de la lutte contre le terrorisme international – slogan pourtant cher aux dirigeants occidentaux – pour toute négociation avec «l’opposition» à la solde des Occidentaux et du CCG. C’est que Washington et ses alliés européens et arabes ont eu, ce jour-là, la preuve qu’aucune «médiation», aucune concession, n’était possible sur des bases qui ne correspondraient pas aux intérêts de Damas, à un moment où le rapport de forces sur le terrain commençait à pencher en faveur de l’armée régulière. C’est tout de même curieux que cet aveu d’échec du représentant de la communauté internationale ait été annoncé au lendemain de la libération par l’armée syrienne de Homs, troisième ville du pays et «berceau de la révolte», et à deux semaines d’une élection présidentielle qui va décider de l’avenir de la Syrie et dont la tenue est déjà un signe très fort que le pays est en passe de se redresser, après quatre longues années de guerre, et de vaincre ces agresseurs. Faut-il alors, a contrario, qualifier cette démission de Lakhdar Brahimi de victoire pour la Syrie ?
R. M.
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