L’oncle de l’émir Tamim fait des révélations sur des accords secrets entre le Qatar et le sionisme

Peu connu du grand public, l’oncle paternel de l’émir du Qatar, la soixantaine, a décidé de rompre le silence pour dévoiler la face cachée de l’émirat gazier. Ce fut à l’occasion de la décision prise par les pays du CCG de rompre leur relation avec le Doha à cause de sa politique favorable aux Frères musulmans. L’homme s’est exprimé la première fois sur Twitter. Cité par le journal arabe paraissant à Londres, Al-Arab, Abdelaziz Al-Thani qualifie les positions de l’actuel gouvernement sur un certain nombre de questions de «honteuses», citant notamment l’établissement de relations avec Israël, l’alliance avec des puissances régionales contre certains pays arabes, la mise en œuvre des projets américains dans la région, etc. Il considère aussi que les émirs qui ont succédé à Cheikh Khalifa, depuis dix-sept ans, ont expressément fait de ne pas bâtir une armée forte, pour «éviter toute velléité de coup d’Etat». Il estime enfin que la chaîne Al-Jazeera, lancée en 1995, «est plus préoccupée à semer la discorde entre les peuples arabes, et a été créée au service des intérêts sionistes dans la région arabe». Par ailleurs, le prince Abdelaziz évoque des enregistrements qu’il dit avoir obtenus auprès d’un ami libyen établi à Genève, portant sur des «plans de reconfiguration du Moyen-Orient». Le prince dissident dit que l’ancien émir, son frère Hamed et son bras droit, l’ex-Premier ministre Hamed Ben Jassem, ont été désignés par les Britanniques pour mettre en exécution ces plans. S’adressant aux dirigeants des pays du Golfe, Abdelaziz dira dans un autre message rapporté par le journal : «Nos frères du Golfe doivent comprendre que le Qatar n’est ni une chaîne de télévision, ni un marché, ni un hôtel, ni même Al-Qaradawi, mais plutôt un champ d’action pour des dizaines de services de renseignements et d’organisations secrètes», tout en prévenant que «le rôle du Qatar est aussi de servir de champ d’action contre tous les pays du Golfe, sans exception». Il révèle aussi le contenu d’un autre enregistrement où l’ancien émir, Hamed Al-Thani, évoquait avec l’ex-guide libyen, Mouammar Kadhafi, un plan de renversement de la famille régnante en Arabie Saoudite, «étalé sur douze ans ». Sur un autre enregistrement attribué à Hamed Ben Jassem, celui-ci avoue que «Doha a signé un accord à long terme avec les Américains, portant sur l’installation de bases militaires, visant à dissuader les Saoudiens de tout soutien au retour de l’émir déchu, Khalifa». Dans un autre message, Abdelaziz dévoile un plan de soutien de Doha à l’opposition islamiste au Koweït, visant à propulser un de leurs affidés, Ahmed Al-Fahd, à la tête de cet émirat pétrolier. Ancien commandant en chef de l’armée, au début des années soixante-dix, à l’époque de Cheikh Khalifa Al-Thani, il sera plus tard nommé ministre des Finance et du pétrole. Suite au coup de l’Etat fomenté par Hamed contre son père, qui vit toujours dans son exil à Paris, Abdelaziz décide de s’exiler lui aussi. L’opposition qatarie le reconnaît comme étant «le véritable émir du pays». Décidé à réinvestir la scène, l’homme s’est entouré d’anciens dignitaires du Qatar et de personnalités influentes aujourd’hui écartés des rouages de l’émirat.
R. Mahmoudi

 

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