Ghardaïa : un député propose la criminalisation des appels à la haine

Dans une intervention au cours des débats sur le plan d’action présenté, jeudi, par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, un député de Ghardaïa, Hariz Nacer Ben Bakir, a interpellé le Premier ministre sur les événements de la vallée du M’zab et lui a, indirectement, reproché l’absence de cette «grande préoccupation» dans son agenda. Tout en louant «les efforts déployés par le gouvernement et les forces de sécurité pour réconcilier les habitants de la région et y rétablir le calme et la sérénité», le député rappelle que «la machine de la fitna est toujours en marche». Le député se dit intrigué par la reprise des affrontements entre les deux communautés vivant dans cette région. «Ghardaïa, dira-t-il, est aujourd’hui une région meurtrie, à cause de la fitna, les destructions, les pillages et les déplacements forcés qui continuent toujours», en rappelant la perte de tout un héritage culturel et historique par la destruction de bibliothèques précieuses et de sites archéologiques et de mausolées appartenant au patrimoine national. Sur un ton plus alarmiste, l’élu de Ghardaïa évoque «la psychose et la peur de l’inconnu (qui) continuent à hanter les habitants de Ghardaïa depuis déjà sept mois». Il appelle à désavouer tous ceux qui exploitent ces événements «à des fins inavouées». «L’Algérie, enchaîne-t-il, a déjà maille à partir avec tous les périls qui la guettent à ses frontières». Reconnaissant implicitement l’échec de toutes les initiatives menées par les autorités pour résoudre le conflit, le député propose des mesures plus concrètes, telles que «la criminalisation des appels à la haine raciale et toute atteinte à la mémoire et à l’identité de chaque citoyen algérien», et l’arrestation et le jugement de «tous les criminels, agitateurs et semeurs de fitna à travers les réseaux sociaux». Par ailleurs, on apprend que les représentants du Congrès mondial amazigh ont remis un «dossier» sur ce qu’ils appellent «l’extermination des Mozabites» à la Haute Commissaire des Nations unies des droits de l’Homme, Mme Navy Pillay, lors d’une rencontre qui a eu lieu mercredi dernier à Rabat. Les représentants de cette organisation pan-berbériste parlent d’«expéditions menées par des milices pro-gouvernementales contre la population mozabite et ses symboles culturels». Dans le même registre, l’activiste mozabite Kameleddine Fekhar vient d’annoncer sur sa page Facebook la naissance du «Mouvement d’autonomie du M’zab». Connu pour son discours radical, cet ancien membre du FFS et de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme à Ghardaïa s’est rapproché récemment des idées du MAK de Ferhat Mehenni qu’il a rencontré le 20 avril dernier à Paris.
R. Mahmoudi
 

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