Choix cornélien pour Felipe VI : le nouveau roi d’Espagne se rendra-t-il en Algérie ou au Maroc ?

Où ira le nouveau roi d’Espagne pour sa première visite hors d’Europe, voire son premier voyage à l’étranger : en Algérie ou au Maroc ? La question n’est pas sans importance, car le choix que fera Felipe VI, qui succède à Juan Carlos, sera le critère de vérité sur la préférence qu’il porte entre les deux principaux partenaires maghrébins de l’Espagne. Pour les relations algéro-espagnoles, c’est le véritable test. C'est à cette aune que se mesurera la direction que fera prendre le nouveau monarque aux relations qui lient son pays à ceux du Maghreb. Choisira-t-il le Maroc, qui compte un grand nombre d'émigrés en Espagne, ou l'Algérie, qui représente un potentiel économique important, notamment en matière d'énergie. Logiquement, partant des caractéristiques qui marquent les relations internationales dans le contexte de la mondialisation, la balance penche vers la prépondérance du facteur économique. Dans la situation de crise qui frappe l’Espagne depuis plusieurs années, les entreprises de la péninsule ibérique ont commencé à faire de bonnes affaires en Algérie dans l'agro-industrie, le tourisme, l'ingénierie et construction, les PME et les énergies renouvelables, pour ne citer que ces secteurs. Le secteur de l'énergie constitue le pilier de ces échanges, l’Espagne reçoit 50% de sa consommation énergétique de l'Algérie. En 2013, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint la barre des 15 milliards de dollars. Sur les pays de l’Union européenne, l'Espagne est le principal client de l'Algérie (15%) et son 3e fournisseur (9,52%). Il y a un mois, l'ambassadeur d'Algérie en Espagne, Mohamed Haneche, a abordé, au cours d’une conférence diplomatique donnée à Alger, la question des «relations algéro-espagnoles dans le contexte euro-méditerranéen». Il a rappelé que ces relations sont fondées sur un partenariat stratégique concrétisé par la signature en 1999 d'un traité d'amitié et de bon voisinage entre les deux pays. En dépit des bons chiffres donnés par les Douanes algériennes qui traduisent l’état des relations économiques entre les deux pays, Mohamed Haneche a estimé que ce partenariat n'est pas encore à la mesure des potentialités qu’il recèle. Pour ce qui est des relations entre le Maroc et l’Espagne, le facteur humain est dominant. Selon des chiffres de l’Institut national espagnol de la statistique (Ine), le nombre de Marocains établis légalement en Espagne, à la date du 1er janvier 2013, est estimé à 792 158 personnes. Les Marocains représentent ainsi la première communauté étrangère hors Union européenne légalement installée dans le pays ibérique avec une hausse de 3 600 personnes (+0,3 %) par rapport à 2012. Pour le Maroc, les transferts de sa communauté établie en Espagne constituent la principale source de devises du pays. Ils représentent 10% du PIB, en baisse depuis que la crise est installée en Espagne. Alors quel choix fera Felipe VI : socio-politique pour aller au Maroc ou économico-politique en prenant la direction d’Alger ? La presse marocaine, se référant à l’agence espagnole EFE, cite trois destinations possibles pour le premier voyage à l’étranger du roi d’Espagne : Portugal, France, Maroc. Mais les spécialistes affirment qu’à Madrid, le chef du gouvernement a son mot à dire sur ce choix. Quand on sait que ses préoccupations actuelles sont plutôt économiques, on peut penser que c’est cette logique qui l’emportera.
Kamel Moulfi
 

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