Pourquoi Ksentini défend-il bec et ongles l’amnistie générale malgré le démenti du Premier ministre ?

Mustapha Farouk Ksentini ne se lasse visiblement pas de réclamer une amnistie générale pour tourner, «définitivement», la page du terrorisme. Après avoir marqué une légère pause, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) revient à la charge et reprend de plus belle sa «campagne» acharnée pour une amnistie qui profitera, selon lui, à tout le monde, y compris les terroristes. Ce défenseur des droits de l’Homme a réitéré, hier mardi à Alger, sa demande d’une amnistie générale, qui relève, précise-t-il, des seules prérogatives du président de la République, telles que définies notamment dans les articles 74 et 48 de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. L’appel de Ksentini est intervenu au moment même où le Premier ministre Abdelmalek Sellal exclut, à partir du Sénat, tout recours à une amnistie générale pour l’aboutissement du processus de réconciliation nationale. Mais le président de la CNCPPDH ne désespère pas, lui qui semble être dans une autre logique que celle du gouvernement. Ksentini insiste ainsi sur «sa» revendication, vieille de plus de plus de 12 ans. C’est en 2002 que le président de la CNCPPDH a appelé, pour la première fois, le chef de l’Etat à décréter une amnistie générale. Une revendication qu’il relancera pratiquement chaque année. Dans un discours prononcé le 17 octobre 2004, le président Bouteflika avait laissé entendre qu’il allait vers une amnistie générale. Mais dans le texte de la charte approuvée en février 2006, le chef de l’Etat ne l’avait pas inscrite. Visiblement échaudé, Farouk Ksentini arrête sa campagne. En 2009, au lendemain du troisième mandat de Bouteflika, Farouk Ksentini a mené une campagne tambour battant pour une amnistie générale, qu’il voulait inscrire sur le tableau de l’élargissement de la réconciliation nationale. Pour ce faire, il multiplia les sorties médiatiques en usant d’arguments aussi étranges qu’étonnants. «L'Algérie a vécu beaucoup de malheurs. Il est temps d'y mettre un terme», avait-il martelé en mai 2009 dans une émission radiophonique. «Toutes les guerres se terminent par une amnistie générale. Ceux qui ont pris les armes sont aussi des Algériens», avait-il justifié, implorant le chef de l’Etat de «mettre un terme à leurs malheurs». Cinq ans après, Farouk Ksentini use de la même rhétorique et des mêmes arguments pour convaincre de la nécessité d’aller un pardon général qui sera, selon son vœu, décrété par le «sage des sages», à savoir le président de la République. «Tous les pays qui ont connu des crises politiques ont fini par tourner la page en décrétant une amnistie générale», a-t-il insisté. Pourquoi Farouk Ksentini tient-il à ce point à une amnistie générale malgré le démenti du Premier ministre ? Obéit-il à un agenda autre que celui de Sellal et de l’Exécutif ? Exprime-t-il la volonté du chef de l’Etat dont il est proche ? La ferveur avec laquelle il défend ce projet suscite bien des interrogations.
S. Baker
 

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