Le commandeur des croyants va intégrer la prostitution et la drogue dans le PIB du Maroc

Après avoir accordé l’autorisation aux cultivateurs de cannabis et légalisé sa commercialisation, le royaume marocain est en passe d’intégrer la drogue et la prostitution dans le produit intérieur brut (PIB) officiel du pays. Voulant imiter notamment l’Espagne qui a franchi le pas, les Marocains ne s’offusquent plus des barrières morales et religieuses en vigueur dans ce pays musulman, dirigé de surcroît par un «commandeur des croyants», pour échapper à une totale faillite de l’économie. Pays surendetté, avec plus de 20 milliards de dollars de dettes extérieures, le Maroc va encore contracter un nouveau crédit de 1 milliard d’euros auprès de banques européennes, a annoncé cette semaine le ministre des Finances marocain. Il se trouve que les revenus engrangés par la culture du cannabis, par exemple, dépassent de loin, d’après des études, ceux que rapportent les cultures agricoles. Le Maroc produit annuellement 38 000 tonnes de résine de cannabis, selon le rapport 2013 de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), et est, depuis treize ans, le premier producteur mondial avec l’Afghanistan. Un vrai camouflet pour un pays qui a toujours vanté sa prétendue vocation agricole. Selon un récent rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), chaque cultivateur de cannabis (on en compte près de 800 000) gagne annuellement un peu plus de 40 000 dirhams par an, en moyenne. Le chiffre d’affaires global des producteurs est estimé à plus de 2 milliards de dirhams (214 millions de dollars), sans parler des intermédiaires. Les exportations marocaines en matière de cannabis sont estimées à 10 milliards d’euros. Une des raisons qui poussent aujourd’hui les Marocains à calculer les revenus de toutes ces activités dites illicites, ce sont les faibles revenus du tourisme qui est pourtant considéré comme la principale source de revenus du pays avec l’agriculture. Ainsi, pour l’année 2013, le secteur touristique a représenté 8,6% du PIB, avec ses 9,5 milliards de dollars. Or, l’ensemble des exportations marocaines (légales) sont estimées à 10 milliards d’euros. Une petite comparaison montre que les seules «exportations» de cannabis auraient plus d’impact sur le PIB que le tourisme. Dans le même sillage, la rapporteuse spéciale de l'ONU sur la traite des personnes estime le nombre de femmes marocaines obligées de se prostituer à plus de 2 500, et révèle l’existence de réseaux organisés au Maroc spécialisés dans le recrutement de prostituées sous couverture de contrats de travail dans les pays du Golfe. Sur place, ces esclaves des temps modernes sont livrées à d’autres réseaux mafieux qui les obligent à se prostituer. Des ONG et des médias marocains ont essayé de tirer la sonnette d’alarme, mais aucune mesure n’a été prise pour démanteler ces réseaux. C’est la preuve que, là aussi, les autorités laissent faire. Les enquêtes ont aussi révélé des réseaux spécialisés dans la traite des enfants qui activent en corrélation avec les réseaux de prostitution.
R. Mahmoudi
 

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