Le prochain coach des Verts Christian Gourcuff a-t-il été «imposé» à l’Algérie par les Français ?

Christian Gourcuff, le manager du FC Lorient, le club de Ligue 1 française, sera très probablement le successeur du sélectionneur national Vahid Halilhodzic à la tête de l’équipe nationale de football, après le Mondial brésilien. Certes, cela est un secret de polichinelle chez les médias spécialisés, tant tout le monde sait que le divorce entre la Fédération algérienne et le Bosnien était consommé depuis déjà quelques mois, au moment où ce dernier avait refusé d’évoquer une prolongation de son contrat. Gourcuff qui a déjà entamé son travail, puisqu’il avait déjà visité les installations du centre de regroupement de l’EN à Sidi-Moussa, est actuellement au Brésil pour suivre les matches de l’Algérie et préparer son programme de travail. Mais comment, sur plusieurs noms avancés comme étant de probables successeurs à Halilhodzic, c’est celui de Gourcuff qui a eu les faveurs des responsables du football algérien ? Est-ce un hasard ou est-ce un choix motivé par les compétences reconnues du manager français ? On ne peut, certes, préjuger de rien à ce sujet, mais lorsqu’on apprend que le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, en personne, a fait la promotion de l’ex-entraîneur de la modeste équipe de Lorient auprès des responsables gouvernementaux algériens, il y a là une situation inédite qui mérite que l’on s’y arrête. Des indiscrétions ayant échappé de la visite officielle, le 20 mai dernier à Alger, du ministre français de la Défense font part de propos pour le moins surprenants tenus par ce dernier à un journaliste français à propos de la nomination de Gourcuff au poste de sélectionneur de l’équipe nationale. «Vous sortez de chez le président Bouteflika, avez-vous réussi à lui vendre Christian Gourcuff ?» lui a demandé le journaliste. Réponse de Le Drian : «Je n'ai pas discuté de cela avec le président Bouteflika, mais j'ai pu le vendre à M. Sellal, ce matin.» Mais quel lien y a-t-il entre Gourcuff et Le Drian qui pousserait ce dernier à faire la promotion du premier ? Avant de devenir ministre de la Défense sous Hollande, Jean-Yves Le Drian était député-maire de Lorient. A ce titre, il avait une influence qui dépasse l’entendement sur le fonctionnement du club local le FC Lorient, au point de désigner lui-même les présidents qui se sont succédé à sa tête. Au-delà de la cocasserie d’une telle situation, une question fondamentale se pose : comment un ministre étranger peut-il s’immiscer dans les affaires internes d’un autre pays sans que cela choque ses vis-à-vis ? Si cela venait à se confirmer, il conviendrait de dire, sans risque de se tromper, que de la souveraineté de l’Algérie il n’en resterait pas grand-chose. Surtout que cette affaire ne fait que venir s’ajouter à d’autres dossiers où, justement, cette souveraineté tant vantée est mise à mal. Et, comme par hasard, c’est toujours la France qui est citée. Le débat, ou plutôt la polémique, sur le gaz de schiste a montré, il y a quelques semaines, la propension de certains membres du gouvernement français à lancer des déclarations à l’emporte-pièce sur ce que doit faire l’Exécutif algérien. En effet, au moment où la question d’exploiter ou pas le gaz de schiste n’était pas encore tranchée en Algérie, c’est de France, à travers le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, que l’opinion nationale algérienne a su que, finalement, notre pays allait en autoriser l’exploitation. Une sortie médiatique qui a choqué plus d’un, sauf au niveau du gouvernement qui, visiblement, n’a pas été surpris outre mesure par cette immixtion criante dans les affaires internes de notre pays. Quelques mois auparavant, c’était le PDG de Renault qui avait mis les pieds dans le plat, en dictant presque au gouvernement algérien ce qu’il doit faire en matière de construction automobile. «Renault est la première marque en Algérie, il n’est pas question de laisser qui que ce soit venir construire en Algérie une usine. Si le gouvernement algérien souhaite une usine en Algérie, nous préférons que ce soit une usine Renault.» S’il ne sert à rien de disserter sur la gravité de ces propos, on ne peut, en revanche, que s’interroger sur le silence et l’absence de réaction du gouvernement algérien après cet écart pour le moins inacceptable.
Amine Sadek
 

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