Les véritables raisons de la crise entre Rabat et Paris ou comment le Makhzen invente des «incidents»

Les relations entre le Maroc et la France ne sont pas au beau fixe. De nombreux observateurs s’interrogent sur ce qui aurait provoqué cette brouille entre deux pays aux «rapports» très intimes et à l’entente chaleureuse. Une source informée nous donne les raisons de cette mésentente qui prend des allures plus graves. Par-delà les gesticulations du Makhzen qui fait semblant de s'offusquer de quelques incidents qu'il monte en épingle pour mettre la pression sur le président Hollande, nous explique cette source, la vraie raison qui suscite l'ire de nos voisins est partie de la publication du communiqué conjoint qui a sanctionné la visite de Jean-Marc Ayrault à Alger. Ce communiqué mentionnait expressément l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental. «Les deux parties se félicitent de la constance de l’engagement des Nations unies et de la communauté internationale pour un règlement juste et durable, basé sur une solution politique mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental, conformément aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations unies», est-il souligné dans ce communiqué qui a visiblement été pris par le Makhzen comme un acte de «trahison» de son protecteur et parrain, la France en l’occurrence. Ainsi, le Maroc se sent en train d’être «lâché» par la France, malgré les démarches démentielles menées auprès des autorités françaises, qui ont certes consenti quelques gestes de pure forme, en rappelant notamment que la proposition marocaine d'autonomie est sérieuse et crédible (ce qui est déjà mentionné dans les résolutions du Conseil de sécurité). Mais pas assez. Surtout qu’en privé les autorités françaises disent clairement et fermement aux Marocains que cette proposition (d’autonomie) ne suffit pas. Autrement dit, la France signifie au Maroc la nécessité de faire davantage de concessions sur ce dossier, car elle ne pourra pas l’appuyer éternellement. Cela d’autant plus qu’il faut trouver une issue satisfaisante à la question de l’autodétermination. Il faut définir sous quelle forme elle doit s’exprimer, car la légalité internationale engage de manière incontournable la responsabilité des Nations unies sur cette question et que la proposition marocaine de l’autonomie restera impraticable tant que l’on n’aura pas trouvé une solution acceptable au casse-tête de l’autodétermination. C’est cette nouvelle approche défendue par la France qui irrite au plus haut point le roi du Maroc qui y voit le début d'un lâchage qui ne dit pas son nom. Le Makhzen s'emploie alors à dramatiser le contexte des relations bilatérales, en montant en épingle, de manière puérile, de petits incidents de parcours en espérant obtenir le recul des autorités françaises sur cette nouvelle approche de l'autodétermination. Ces manœuvres marocaines nous rappellent le coup de gueule du roi qui avait fait le pari de suspendre les manœuvres militaires avec les Etats-Unis en avril 2013 pour obtenir le retrait de l’appui des Américains à l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental occupé. L'inquiétude du roi est d'autant plus grande que ce recentrage de la position française intervient au moment où le secrétaire général de l'ONU et son envoyé personnel envisagent, en raison de l'impasse dans laquelle se trouvent les efforts de ce dernier, de revoir, en octobre 2014, toute l'approche onusienne sur la question du Sahara Occidental, en demandant notamment au Conseil de sécurité de définir un nouveau mandat qui risque de sonner le tocsin pour l'option de l'autonomie.
Rafik M.
 

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