Une escrimeuse algérienne malade écrit aux autorités : «Moi aussi j’ai représenté notre drapeau»
L’histoire de Nour El Houda Haddaoui a choqué plus d’un. Cette jeune sportive de la sélection nationale d’escrime est atteinte d’une maladie grave. Après son retour du championnat méditerranéen d’escrime qui a eu lieu au mois de février dernier en Italie, Nour El Houda découvre qu’elle est atteinte de la maladie d’Hodgkin (cancer des ganglions). L’athlète de 17 ans subit plusieurs séances de chimiothérapie après une intervention chirurgicale ratée en Algérie. Voyant que son état se dégradait de jour en jour, la jeune fleurettiste est contrainte d’aller se soigner en France où ses médecins lui affirment qu’elle a de grandes chances de guérir. Seulement, les frais qu’exige une nouvelle intervention à l’étranger dépassent ses moyens et ceux de sa famille. Par dépit, Nour El Houda publie son histoire sur les réseaux sociaux. Elle a écrit un message dans lequel elle cible la Fédération algérienne d’escrime et les autorités du pays : «Moi aussi j’ai représenté le drapeau national quand j’étais en bonne santé. Et maintenant que je suis malade, ne mériterais-je pas une toute petite considération ?» Le message de Nour El Houda a ému beaucoup d’internautes qui trouvent inadmissible qu’on puisse ignorer la détresse d’une athlète malade alors qu’elle a représenté le pays dans des compétitions internationales, à un très jeune âge, qui plus est. Nour El Houda a réagi ainsi suite au halo qui entoure les joueurs de l’équipe nationale de football de retour du Brésil où ils ont participé au Mondial-2014. Cette distinction, voire cette ségrégation qui sévit dans le milieu du sport et qui n’accorde de l’intérêt qu’au football – pour des raisons politiques évidentes –, se confirme à chaque grande occasion, à savoir la Coupe du monde et le championnat d’Afrique des nations. Le football, contrairement aux autres sports, notamment les sports individuels, ne bénéficie pas des mêmes avantages et pour cause. On se souvient du conflit algéro-égyptien de novembre 2009 et de la décision de l’Etat d’ouvrir un pont aérien entre Alger et Khartoum. La compagnie nationale Air Algérie avait dû assurer plus d’une cinquantaine de vols pour transporter les quelque 13 000 supporters envoyés au Soudan soutenir l’équipe nationale contre le Onze égyptien. On se demande, dès lors, comment un Etat, capable de réaliser une telle prouesse et qui est en mesure d’assurer les meilleurs conditions à l’équipe nationale de football pour arriver au Mondial brésilien, moyennant des sommes faramineuses, ne peut pas intervenir pour faire soigner une athlète qui a, elle aussi, dignement représenté l’Algérie, en faisant retentir l’hymne national et en hissant le drapeau algérien à l’étranger. Ou alors l’aide aux sportifs dépend-elle uniquement du nombre de caméras braquées sur eux ?
Mohamed El-Ghazi