Un maire FN interdit à ses employés de parler une langue étrangère

L’extrême droite française franchit un nouveau cap dans l’exclusion et la xénophobie. Après l’interdiction d’utilisation «ostentatoire» de tout drapeau autre que français pendant la Coupe du monde à Nice, le maire du 7e secteur de Marseille (13e et 14e arrondissements), Stéphane Ravier, a adressé, il y a une semaine, une circulaire à ses fonctionnaires dans laquelle il leur interdit de parler une langue étrangère, révèle le journal en ligne Mediapart. Il justifie sa décision par des présumées plaintes de ses administrés. Dans cette circulaire, le maire xénophobe, élu aux dernières municipales, rappelle que «la langue de la République est le français», conformément à l’article 2 de la Constitution. «En conséquence, est interdit l’usage d’une langue autre que le français par les agents en service, notamment dans les centres sociaux ou d’animation», écrit-il. Seule exception : dans le cas où les interlocuteurs ne parleraient pas le français. Autrement dit, les agents n’ont pas le droit de parler entre eux – ou avec des administrés qui parlent français – une autre langue que celle de Molière. Cette mesure d’un autre âge est accueillie, dans les municipalités, avec stupéfaction et, parfois, par ironie. Un employé municipal s’est interrogé, rapporte Mediapart, s’il faut placer des microphones à travers tous les services de la municipalité pour vérifier si tous les fonctionnaires parlaient en français ou non. Mais dans les médias et le débat public, l’information est relatée très timidement, voire avec une neutralité qui en dit long sur la partialité de la presse et des leaders d’opinion français dans pareils débats. Il est clair que cette circulaire, comme la mesure d’interdiction du déploiement de drapeaux étrangers, visent indirectement la communauté algérienne, qui est la plus visible et, disons même, la plus revendicative. La sortie en masse des Français d’origine algérienne à travers toutes les villes de France pour célébrer la qualification de l’équipe nationale algérienne au deuxième tour du Mondial n’a pas laissé indifférents les maires issus de l’extrême droite qui ont exploité quelques dépassements imputés à des supports de l’équipe algérienne pour s’en prendre à nouveau aux «immigrés» et culpabiliser les gouvernants sur leur politique d’intégration des «étrangers». Des thèmes qui ont servi de leitmotiv pour le parti de Marine Le Pen pour s’imposer, sur la scène politique française, comme l’unique alternative à l’échec de la gauche et de la droite sur cette question. La défense des «valeurs nationales» et la lutte contre l’immigration clandestine sont devenues, en France, objet de surenchère entre les principaux acteurs politiques, socialistes compris, pour séduire les plus grosses parts possibles de l’électorat.
R. Mahmoudi
 

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