Hollande envoie Vedrine à la reconquête des territoires africains envahis par les Chinois

Les hautes autorités françaises lancent une fondation pour freiner la progression chinoise en Afrique et se donner les moyens pour la reconquête de ce continent qui leur file entre les doigts. Pour ce faire, l’Elysée fait appel à de grosses cylindrées de la diplomatie française, à l’instar d’Hubert Védrine, aux réseaux bien huilés dans le continent noir. Ce 15e ministre des Affaires étrangères de la Ve République française (sous Lionel Jospin) a, en effet, créé le 15 juillet dernier la Fondation franco-africaine pour la croissance avec d’autres personnalités de renom telles que le banquier d’affaires franco-béninois Lionel Zinsou et le dirigeant de l’assureur Prudential, Tidjane Thiam. L’idée de mettre en place une telle organisation a vu le jour lors d’un forum économique organisé par le ministère français de l’Economie et le Medef avant le dernier sommet France-Afrique à l’Elysée. Elle a été mûrie ensuite au cours de plusieurs rencontres entre des personnalités françaises et africaines de divers horizons (hommes d’affaires, ministres français et africains, anciens hauts cadres français et africains…), tenues sous l’œil vigilant de Michel Sapin, réputé pour être très proche du président François Hollande. La mission de cette fondation consiste à faire du lobbying en Afrique pour que la France puisse retrouver sa place d’antan du point de vue économique et récupérer ainsi les parts de marché perdues au profit de la Chine qui poursuit son offensive en Afrique. «L’Afrique est un continent convoité : la Chine notamment cherche depuis plusieurs années à s’y placer en première ligne pour répondre à la demande d’une classe moyenne qui représentera dans les prochaines années entre 300 et 500 millions de consommateurs», a déclaré le ministre des Finances, Michel Sapin, lors de la cérémonie dédiée à la création de cette organisation, tenue au siège de son département ministériel. «Au cours de la dernière décennie, la France n’a toujours pas perçu les signaux d’émergence de l’Afrique et a laissé, à ses dépens, sa part de marché se dégrader significativement», a-t-il déploré. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a lui aussi estimé que trop de temps a été perdu pour la mise en place d’une véritable politique de reconquête de l’Afrique. La France compte ainsi sur un large éventail de personnalités africaines francophiles pour atteindre ses objectifs qui ne sont autres que de repousser la Chine en «dehors» des territoires africains. Une tâche difficile qui ne peut être accomplie qu’avec beaucoup de lobbying et de pressions sur les dirigeants des pays africains qui, au demeurant, ont toujours des choses à se reprocher. L’actuelle ministre des Finances du Nigeria, Ngozi Okonjo-Iweala, applaudit cette initiative française et affirme qu’«il est grand temps que la France monte sur le bateau de la croissance africaine». L’arrivée de la Chine en force en Afrique, dans tous les domaines, a bouleversé les rapports traditionnels entre la France et les pays africains qui diversifient de plus en plus leurs fournisseurs et choisissent de nouveaux partenaires, dont la Chine qui progresse considérablement sur le marché africain. Aujourd’hui, l'Afrique est devenue le deuxième plus grand marché de projets contractuels de la Chine et la quatrième plus grande destination de ses investissements. Le volume commercial entre les deux parties a dépassé 210 milliards de dollars en 2013. Cette progression chinoise se fait au détriment de la France qui commence à s’en inquiéter, surtout en ces temps de vaches maigres et de crise économique persistante marquée par un chômage galopant. Des hommes comme Hubert Védrine, qui prône la diplomatie moderne, sont ainsi appelés à trouver les instruments qui permettraient à la France de reconquérir l’Afrique. Sa courtoisie, sa pondération naturelle et sa liberté de jugement le distinguent tout autant des cercles diplomatiques traditionnels. Va-t-il réussir à contrer l’offensive chinoise en Afrique ? La France a-t-elle les moyens de sa nouvelle politique pour l’Afrique ? Le temps nous le dira. Mais une chose est sûre : l’implication directe de la France dans le «règlement» des conflits armés en Afrique (Mali, Centrafrique…) est loin d’être pour des raisons strictement sécuritaires et des motifs de faire revenir la stabilité dans ces pays.
Rafik Meddour
 

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