Paris dicte sa volonté à Alger : le chef du groupe d’amitié algéro-française exclut toute «repentance»

Les relations algéro-françaises continuent à alimenter le débat dans l’Hexagone, mais toujours à sens unique et empreint d’arrière-pensées. C’est le cas de l’intervention du député et chef du groupe d’amitié algéro-française à l’Assemblée nationale, Patrick Mennucci, publiée dans la dernière édition de la lettre d’information de l’ambassade de France à Alger, Binatna, et qu’il a intitulée : «Une relation à l’âge adulte». Pour lui, une déclaration de circonstance osée par François Hollande, le 20 décembre 2012, dans laquelle celui-ci reconnaissait, mais sans jamais demander pardon, le caractère «profondément injuste et brutal» ainsi que «les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien, dont une des pires fut le massacre de Sétif, Guelma et Kherrata, ancrés dans la mémoire et la conscience des Algériens», devait suffire pour calmer les Algériens qui demandaient la reconnaissance de tous les crimes commis par l’armée française pendant la période coloniale. Sur un ton à la fois paternaliste et condescendant, le député juge que «par ces mots, rétablissant la vérité historique sans tomber dans les excès de la repentance, le Président a posé les bases d’une nouvelle étape de la relation franco-algérienne». Autrement dit, il appartiendrait à Paris de dicter les bases sur lesquelles doivent être (re)fondées les relations algéro-françaises. Patrick Bennucci veut faire accroire que son pays a, ainsi, suffisamment assumé son passé commun avec l’Algérie (la colonisation, l’expropriation, les crimes de guerre…) pour se consacrer pleinement à l’avenir de ses relations avec l’autre rive de la Méditerranée, afin d’en tirer le plus grand profit. Il écrit : «Assumant l’histoire, mais résolument tournés vers l’avenir, telle est la nouvelle page de nos relations que nous avons la responsabilité d’écrire ensemble.» Il trouve dans la présence lors du défilé de la fête nationale française d’une délégation algérienne «le meilleur symbole de ce nouvel état d’esprit» ; entendre un premier signe de soumission des Algériens à la volonté que veulent leur prescrire leur ancien colonisateur et un premier pas vers la négation de la mémoire.
R. Mahmoudi
 

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