Hillary Clinton : «Ce que je ferai si je suis élue présidente des Etats-Unis en 2016»

L’élection présidentielle américaine aura lieu en novembre 2016, dans plus de deux ans, mais Hillary Clinton s’y prépare dès à présent. L’ancienne secrétaire d’Etat des Etats-Unis sous Obama, de 2009 à 2013, est déjà en campagne. Candidate malheureuse aux primaires démocrates de 2008, elle a pris soin, cette fois, de commencer par publier un livre, paru en juin dernier, Hard Choices, qui sera traduit, dit-on, par Le temps des décisions, dans la version française. Un livre que la presse américaine a trouvé «prudent, ennuyeux, fade, creux», rapportent les critiques spécialisés. Pourtant, elle pensait y révéler les dessous de la politique des Etats-Unis pour montrer qu’elle en connaît très bien tous les ressorts dans leurs moindres détails et qu’elle est, donc, apte à diriger le pays mieux que ses prédécesseurs. En tout cas, mieux qu’Obama dont elle décortique les erreurs dans ce livre qui, finalement, est une partie intégrante de la pré-campagne. L’épouse de Bill Clinton use d’une technique qui s’avère être la même que celle mise en œuvre par les candidats à la présidence américaine qui sont passés avant elle : faire semblant de ne pas être d'accord avec la politique extérieure des Etats-Unis, de regretter les choix passés, et une fois au pouvoir, faire la même chose que celui qu’elle remplace, Obama en l’occurrence, qui est d’ailleurs la parfaite illustration de ce mode opératoire. Fait significatif de l’inconsistance du discours électoral américain : Obama avait promis de fermer le bagne de Guantanamo, où se trouvent des dizaines de détenus en toute illégalité, il n’a pas pu encore le faire. Après cela, qui va croire Hillary Clinton quand elle fait part de ce qu’elle entreprendra si elle est élue ? Dans une interview qui s’étale sur onze pages, mise en ligne sur le site de la revue The Atlantic le dimanche 10 août, elle annonce qu’elle donnera un coup de barre à droite dans la politique extérieure américaine par rapport à ce que fait Obama : plus franchement avec Israël et contre l’Iran, et elle jettera de l’huile sur le feu dans les conflits comme celui qui se déroule en Syrie en armant le côté pro-américain. Si elle est appelée à succéder à Obama, elle en conservera le cynisme qu’il a introduit dans la démarche américaine visant à berner une opinion publique internationale de plus en plus édifiée sur le véritable caractère agressif de la politique étrangère des Etats-Unis. Mais le plus dur de ce qui l’attend est à l’intérieur des Etats-Unis. Hillary Clinton devrait regarder ce qui se passe dans son propre pays et s'intéresser aux laissés pour compte américains toujours plus nombreux à plonger dans la pauvreté et la misère. On se croirait dans une banlieue du tiers-monde : la ville américaine de Ferguson, dans le Missouri, livrée au pillage et au vandalisme, et qui a connu ces jours-ci le couvre-feu à cause d’émeutes qui ont tourné aux affrontements violents entre manifestants et forces de l'ordre, sur fond de tirs et de cocktails Molotov. Un pays où le racisme sévit encore, puisqu’à l’origine de ce soulèvement, il y a la mort d’un jeune Noir tué par un policier qui a tiré à au moins six reprises. Le président qui rendra service aux Américains en s’occupant de leurs propres affaires et non pas en s’ingérant dans celle des autres pays n’est pas pour 2016.
Houari Achour
 

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