Limogeage de Belkhadem par le Président : que reproche Bouteflika à son ministre d’Etat ?

Est-ce le manque de loyauté que le président Bouteflika a sanctionné d’une façon aussi sévère, en jetant sans ménagement Abdelaziz Belkhadem hors du pouvoir ? En tout cas, le prétexte semble parfait. La presse a rendu compte hier de la présence de l’ancien ministre d’Etat et conseiller spécial du président au premier rang dans la salle où s’est déroulée l’ouverture de l’Université d’été du Front du changement d’Abdelmadjid Menasra. Cela s’est avéré être une erreur impardonnable. Il y aurait un autre grief d’une gravité égale, sinon pire, selon lequel c’est Belkhadem qui aurait fait courir le bruit désignant Saïd Bouteflika dans l’accaparement d’un terrain de la cité des Sources, à Bir Mourad Raïss, ce qui expliquerait l’inhabituelle et immédiate réaction de démenti du frère du président. En juillet dernier déjà, Belkhadem s’était distingué lors d’un entretien accordé à El Bilad TV par des propos provocateurs et un mépris total de l’obligation de réserve à laquelle sont astreints habituellement les hommes du pouvoir, en Algérie, tant qu’ils sont dans l’exercice de leurs fonctions, surtout quand il s’agit de ce qui se passe dans les coulisses. Il avait insinué que le président Bouteflika était impliqué dans la crise du FLN, en relatant une réunion à laquelle il a participé, en juin dernier, avec le président de la République, son directeur de cabinet, Ahmed Ouyahia, le général Toufik, responsable du DRS. En même temps, il se présentait comme un des «décideurs» dans le pouvoir, ce qui devait lui permettre de rassembler autour de lui les opportunistes du FLN dans sa bataille pour en reconquérir la direction. A-t-il menti en faisant croire qu’il avait le soutien du président en prévision de la réunion du Comité central du 24 juin dont il avait été d’ailleurs refoulé ? La mise à l’écart, voire l’exclusion totale de Belkhadem a, naturellement, de quoi réjouir tous ceux, et ils doivent être nombreux, qui voulaient avoir sa peau, tous pas forcément pour les mêmes raisons. Pour certains observateurs, l’information était dans l’air circulant avec les rumeurs sur les changements annoncés dans le gouvernement qui allaient pousser Belkhadem vers la porte de sortie mais pas dans cette forme sans précédent dont la signification ne fait aucun doute sur son exclusion de ce que l’on appelle le système. L’ancien secrétaire général du FLN devra dire adieu à son ambition de remplacer Bouteflika à la présidence de la République. Dans sa précipitation, il n’a pas craint de prendre le faux départ en voulant être le candidat du FLN, sans attendre le moment de la relève, ce qui l’a finalement disqualifié. Maintenant, il va certainement rejoindre les islamistes pour lesquels il n’a jamais caché ses sympathies et son soutien actif qu’il a particulièrement montré en entraînant le FLN dans la compromission à Sant’Egidio. Mais, surtout, personne n’oublie ses accointances avec l’Iran à l’époque – à la charnière des années 1980 et 1990 – où ce pays affichait son soutien au FIS alors que ce dernier commençait à montrer ses velléités d’actions terroristes.
Houari Achour
 

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