NTIC : des effets d’annonce quand les autres pays avancent

Annoncé comme une performance, le projet de loi relatif à la signature et à la certification électroniques, tout juste examiné et adopté mardi par le Conseil des ministres – rien de plus – a révélé, en fait, les grands retards que notre pays accumule par rapport aux applications de la technologie numérique dans la vie sociale et particulièrement dans la modernisation de l’administration. Cela fait au moins trois ans que cette question de la signature électronique a commencé à être abordée sérieusement au niveau des spécialistes et on ne sait pas combien de temps il faudra encore attendre pour voir mises en œuvre les dispositions de ce projet de loi, une fois voté par l’Assemblée populaire nationale. L’Algérie a encore un gros effort à faire, contrairement à ce que raconte le gouvernement qui veut nous faire croire qu'il avance vite dans ce domaine… Beaucoup de pays africains devancent de loin le nôtre dans la modernisation de l'administration (même le Burkina Faso a une carte d'identité magnétique !), des NTIC, etc. Au Nigeria, ce jeudi, le Président Goodluck Jonathan a reçu sa nouvelle carte nationale d'identité électronique, prélude au lancement officiel du programme pilote eID. Les Nigérians font d’une pierre deux coups : ils pourront se servir de cette carte comme d'un outil de paiement, pendant que chez nous, le citoyen, victime des lenteurs des pouvoirs publics à généraliser la carte de paiement électronique, continue de régler ses achats à l’aide de billets de 200 DA, rejoints maintenant par ceux de 500 DA, qui font honte au vu de leur état dégradé, sales et déchirés en plusieurs points et scotchés. Chez nous, à entendre les responsables, tout est toujours «prêt sur tous les plans» mais dans la réalité le début de l’opération en elle-même est lui aussi toujours différé et celle-ci reportée d’échéance en échéance. C’est le cas justement de la carte d’identité biométrique. Quand l’Algérien pourra-t-il s’en faire délivrer une? On parle de 2015, mais l’incertitude règne. En Afrique du Sud, cette carte est effective depuis l’an passé, la première a été remise à Nelson Mandela comme un cadeau d’anniversaire le jour de ses 95 ans, à quelques mois de sa mort. Qu’est-ce qui ne va pas dans notre pays pour accumuler un tel retard par rapport aux autres pays africains. Alors que la société algérienne, surtout dans la frange des jeunes, qui constituent la majorité de la population, est particulièrement réceptive aux nouveautés dès qu’elles apparaissent ailleurs et se montre prête à les intégrer dans les pratiques quotidiennes, les dirigeants politiques chargés de donner le feu vert à toute avancée font preuve d’une frilosité incompréhensible. Il y a, chez ceux qui gouvernent le pays, à la fois une sorte de manque de confiance dans la société et une peur bleue de la contestation, qu’elle s’exprime dans la rue ou plus insidieusement et plus dangereusement dans les rouages de la vie économique. Car, en réalité, toute l’explication de ce «surplace» en la matière, dans lequel excellent nos dirigeants, vient du refus de casser les ressorts de l’économie informelle qui se présente comme le principal obstacle à toute introduction des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans les opérations économiques. Le flou sur les données, qui sont à la base des décisions, sert parfaitement les magouilles de ce segment de la fraude, largement prédominant dans la sphère commerciale et qui a fini par contaminer le secteur de la production. Au lieu de lutter efficacement contre les transactions sans factures, par le moyen notamment de l’outil électronique, les responsables qui en sont chargés préfèrent passer leur temps à compter le manque à gagner qui en résulte pour le Trésor public.
Houari Achour
 

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