Dossier – Victimes du crash du MD-83 : Boultif se réfère à une convention non ratifiée par Alger (IV)

Le PDG d’Air Algérie, Mohamed Salah Boultif, avait annoncé récemment que les familles des victimes du crash du vol AH5017 seraient indemnisées conformément aux dispositions de la Convention de Montréal de 1999. Or, selon une source très au fait de ce dossier, l’Algérie n’a jamais ratifié cette convention et cette dernière ne pourra donc pas être la référence dans la procédure d’indemnisation. Il n’existe d’ailleurs aucune trace d’un aussi important engagement international dans le Journal officiel de République algérienne. Le nom de l’Algérie ne figure non plus pas sur la liste des pays signataires de cette convention. «Sur un plan strictement juridique, est-ce qu'Air Algérie, compagnie nationale, peut légalement appliquer les dispositions d'une convention internationale dont l'Algérie n'est pas un Etat partie et qui visiblement refuse de l'être depuis 15 ans pour une ou des raisons précises ?» s’interroge notre source, tout en se demandant si une telle démarche n’est pas susceptible d'être interprétée comme une adhésion de facto de l'Algérie à ladite Convention ou constituer une espèce de jurisprudence. Notre interlocuteur souligne que les responsables d’Air Algérie pourraient avoir agi de la sorte pour s’épargner des procès embarrassants. «Qui a autorisé le PDG à aller au-delà des obligations internationales de la compagnie, le conseil d'administration ou l'assemblée générale où siègent différents représentants de l'Etat actionnaire ?» s’interroge encore notre source. En l’absence d’une base juridique sur laquelle Air Algérie pourrait s’appuyer pour justifier les dépenses liées à l’indemnisation, les responsables de cette compagnie auraient pu présenter cette procédure comme étant un geste purement humanitaire et redorer ainsi le blason du pavillon national qui se trouve affublé de toutes sortes de sobriquets peu flatteurs. «Bien évidemment, personne ne souhaite priver les familles des victimes des indemnisations les plus favorables, mais au-delà des impératifs d'ordre moral et de compassion envers les victimes et leurs familles, se posent les questions suivantes : quelles sont les motivations d'un tel choix par Air Algérie ? S'il s'agit, comme l'on peut s'en douter, d'un geste humanitaire et de bonne volonté, pourquoi ne pas l'avoir fait comprendre adroitement aux opinions publiques nationale et internationale ?», déplore ce fin connaisseur du secteur de transport aérien pour lequel ce ratage est «un exemple frappant de la communication indigente du premier responsable d'Air Algérie». Air Algérie ne peut échapper à ses responsabilités dans l’indemnisation des familles des victimes. La France d’où sont originaires la plupart des victimes avait déjà mis la pression sur la compagnie nationale. Elle a dépêché le 18 août dernier Pierre-Jean Vandoorne, ambassadeur, et Jean-Michel Aubas, ingénieur général, en qualité de coordonnateurs de l’assistance aux familles des victimes françaises. Ces responsables français se sont entretenus avec le PDG d’Air Algérie, le secrétaire général du ministère des Transports, M’hamed M’hareb, et celui du ministère des Affaires étrangères, Abdelhamid Senouci-Bereksi, avec lesquels ils ont fort probablement abordé cette question lancinante.
Hani Abdi
(Suivra
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