Comment la Suisse entretient le terrorisme islamiste à travers ses banques sans scrupules

Dans la tempête médiatique soulevée par la décapitation du ressortissant français Hervé Gourdel par des terroristes se réclamant de Daech en Haute Kabylie, on entend peu parler des «banquiers» des organisations terroristes. Car il n’y a pas que le soutien moral et médiatique qui stimule ces organisations criminelles qui sèment la mort en Algérie et ailleurs. Il y a aussi le nerf de la guerre, l’argent, qui sert au financement de leurs actions terroristes, au recrutement et à l’acquisition d’équipements militaires. Si l’Algérie insiste beaucoup sur «l’assèchement» des sources du financement du terrorisme, c’est parce qu’en partie les groupes terroristes arrivent toujours à recruter et à s’armer grâce à l’argent, certes, des rançons, mais aussi à celui des réseaux de soutien qui se trouvent essentiellement dans des banques européennes. Ces réseaux de soutien, appuyés en général par des fortunés des pays du Golfe et les services de renseignement des puissances occidentales qui cherchent à reconfigurer la cartographie du monde et à mieux se placer dans l’échiquier international, placent leur argent dans un pays bien connu pour être très peu regardant sur l’origine des fonds et pour sa capacité inouïe à garder le secret bancaire: la Suisse. Ce «havre de paix» en Europe est également un «paradis» pour les financiers du terrorisme qui multiplient les placements dans des banques où le secret bancaire est (presque) impénétrable. C’est même la devise des banques de ce pays qui acceptent, sans scrupule, des fonds douteux. Par son système bancaire permissif axé sur le secret bancaire, la Suisse joue, ainsi, de manière indirecte, un rôle capital dans l’organisation du terrorisme international. Un rôle qui n'apparaît pas dans les analyses fournies à la pelle par les médias européens dont les patrons eux-mêmes semblent profiter des largesses et des facilitations de système bancaire helvétique défiscalisé. La série de scandales qui touchent certaines grandes banques suisses, telles qu’UBS, renseigne sur la nature de ce système, entaché de fraude, d’abus, et d’autres pratiques considérées sous d’autres cieux comme des « crimes économiques ». UBS, première banque suisse, est le numéro un en matière d'évasion fiscale et de violation de la législation. Elle a été contrainte hier de payer une caution de 1,3 milliard de francs suisses imposée par la justice française dans une enquête d'évasion fiscale. Dans ce magma des affaires scabreuses liées au blanchiment d'argent, à l’évasion fiscale organisée, au secret bancaire jalousement défendu par les Helvètes, il ne peut pas ne pas y avoir de lien direct avec le terrorisme ! Cela d’autant plus que nombreux sont les islamistes algériens et autres qui ont trouvé refuge dans ce pays où ils mènent la belle vie grâce à des placements juteux d’un argent blanchi dans des secteurs porteurs comme l’immobilier. Car en Suisse, un pays qui vit de son système financier, les banques excellent, grâce à la bénédiction des politiques, dans la dissimulation de la provenance d'argent acquis de manière illégale (spéculations, activités mafieuses, trafic de drogue, d'armes, extorsion, corruption, fraude fiscale…) afin de le réinvestir dans des activités légales (par exemple, la construction immobilière). En 2005, le GAFI, organe de lutte contre le blanchiment des capitaux du Conseil de l'Europe, a constaté dans le cadre de ses contrôles que la réglementation suisse concernant la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme comportait des lacunes et qu'il y avait une nécessité d'agir. En Suisse, la loi sur le blanchiment révisée a été mise en vigueur en 2009 après plusieurs années de délibération. Formellement, elle a été en particulier adaptée aux règles sur la lutte contre le financement du terrorisme déjà concrétisée depuis longtemps dans les textes d'exécution. Mais dans la pratique, le secret bancaire reste inviolable. Aussi, les banques suisses continuent d’accepter le plus normalement du monde l’argent liquide acheminé dans des valises. Outre les nombreuses cellules dormantes qui reprennent du service en Suisse, la coalition internationale de la lutte antiterroriste doit se pencher sur cette question des banques qui servent d’«instrument» pour le financement du terrorisme international.
Rafik Meddour
 

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