Le Maroc fait subir des interrogatoires à ses ressortissants travaillant clandestinement en Algérie

Les sans-papiers marocains, nombreux en Algérie et ailleurs, sont considérés comme une menace potentielle pour la sécurité du Maroc. Des médias marocains ont fait ces jours-ci état du renforcement exceptionnel du contrôle de cette catégorie d’«émigrés» de retour au pays pour célébrer la fête de l’Aïd El-Adha. Si, avant, ces Marocains qui travaillent clandestinement en Algérie dans le bâtiment et les travaux publics rentraient au pays en toute tranquillité, cette année, ils ont subi des contrôles qualifiés par les médias marocains de «très tristes». Certains d’entre eux ont même subi des interrogatoires. Ces mesures particulières prises à l’encontre des sans-papiers marocains de retour dans leur pays sont dictées par le fait que les Marocains sont fortement présents dans les organisations terroristes et les réseaux de soutien un peu partout dans le monde. A titre indicatif, plus de 3 000 Marocains sont partis combattre en Irak et en Syrie. Les autorités marocaines expliquent ces «contrôles stricts» par la menace terroriste. Ainsi, affirment les médias marocains, des dizaines de ressortissants de leur pays en situation irrégulière en Algérie ont été bloqués momentanément à la frontière algéro-marocaine pour soi-disant authentifier leur identité. Ces Marocains ont quitté leur pays en empruntant des circuits clandestins sous l’œil tolérant des gardes-frontières marocains. Car, pour résorber le chômage, le Makhzen encourage le passage clandestin de Marocains par la frontière algérienne pour travailler notamment dans le secteur du bâtiment en plein boom en Algérie ou dans l’agriculture qui souffre d’un manque criant de main-d’œuvre. Alors, pourquoi donc faire semblant de les contrôler aujourd’hui ? Multipliant depuis quelques mois les attaques contre l’Algérie, le Makhzen lance une nouvelle provocation. Car en annonçant le contrôle des Marocains de retour d’un séjour irrégulier en Algérie, les autorités de ce pays confirment indirectement l’organisation au plus haut niveau de l’entrée illégale dans le territoire algérien de nombreux ressortissants marocains, tout en leur garantissant un retour tranquille, et ce, depuis plusieurs années. D’ailleurs, même avec ces «contrôles stricts» annoncés, les services de sécurité, notamment des éléments de la DST marocaine installés sur place, laissent les passants rentrer chez eux une fois qu’ils se sont assurés de leur identité. Aussi, on peut affirmer aisément que derrière ces mesures dites de «contrôle» se cache l’arrière-pensée selon laquelle la menace terroriste viendrait de l’Algérie. Ce que tous les experts militaires excluent. Car le Maroc compte beaucoup de cellules terroristes et de réseau de soutien et de recrutement qui alimentent le terrorisme au Moyen-Orient, ce qui n’est pas le cas de l’Algérie résolument engagée dans la lutte antiterroriste depuis un quart de siècle. Les terroristes marocains partis combattre en Syrie ne pourraient pas passer par l’Algérie, car toutes les frontières est et sud sont fortifiées. Le Maroc devrait guetter la menace terroriste ailleurs, lui qui se focalise sur la frontière algérienne dont il réclame l’ouverture depuis des années.
Rafik Meddour

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