La DGSE chercherait à installer une station d’écoute près des frontières algériennes

L’agence américaine NSA (National Security Agency), qui cherche à savoir comment vit chacun de nous sur la planète en espionnant tout le monde semble faire des émules. La DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure de la France) a demandé à la Tunisie d'installer une station d'écoute dans le Sud pour surveiller les communications dans tout le Sahel. C’est un entrefilet paru dans le Figaro, passé inaperçu, qui le révèle. Le prétexte est facile à deviner : il faut surveiller la forte menace «djihadiste» au Sahel, créée, on ne peut pas l’oublier, par le chaos qui a été imposé à la Libye principalement par l’intervention de la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dans le cadre de l’Otan. Depuis l’assassinat de Mouammar Kadhafi, les groupes terroristes, fortement armés, circulent facilement entre la Libye et le Mali, et ils constitueraient une menace pour l’Europe, du moins c’est ce que l’on veut nous faire croire. Mais le plus curieux dans cette information est la condition posée par la DGSE : Paris n'informera pas les Tunisiens du contenu de ces écoutes. Il va de soi que si les autorités tunisiennes acceptaient ce deal, les Algériens seront écoutés aussi, les moyens techniques très puissants utilisés le permettent indéniablement. Terrorisme ou pas terrorisme, cela s'appelle de l'espionnage. Selon le Figaro, qui a évoqué la présence à Paris d’un responsable tunisien des services de renseignement pour cette négociation, la Tunisie aurait été prête à donner le feu vert à cette installation si elle avait obtenu en retour le bénéfice d’un partage des renseignements recueillis par ces écoutes. Le refus de Paris à cette exigence aurait fait échouer le projet. Un site d’informations tunisien confirme l’hypothèse de l’échec des négociations entre les services français et tunisiens. Il fait état d’une déclaration du porte-parole du ministère de la Défense, le lieutenant-colonel Belhassen Oueslati, qui a fait un démenti en expliquant que les questions liées à la souveraineté du pays et à la sécurité nationale ne sont pas négociables. Si ce démenti officiel signifie que la Tunisie n’accepte pas une telle installation d’écoutes sur son territoire – qui espionnerait en même temps l’Algérie – il n’est pas suffisant pour infirmer l’intention d’espionnage de Paris, en dehors de toute légalité. Au contraire, le silence des autorités françaises à ce sujet vaut confirmation. On peut en conclure que c’est le contexte électoral dans ce pays voisin qui rend totalement inopportune cette information. Ce n’est pas le moment d’annoncer ce projet tel qu’il est envisagé : la France écoute à partir du territoire tunisien toutes les communications qui sont échangées dans la région et ne partage avec la Tunisie que ce que bon lui semble. Les Tunisiens aussi sont sourcilleux sur les questions de souveraineté.
Houari Achouri
 

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