Le goudron et les plumes
Par Meriem Sassi – Le Forum des chefs d'entreprises (FCE) est en proie à un désarroi sans précédent. Après la démission forcée de Réda Hamiani de son poste de président, il y a quelques semaines, voilà que la rumeur de son remplacement par Ali Haddad se confirme. Ce qui semblait être, pour les plus sceptiques, trop «grotesque pour être une réalité» est pourtant bel est bien en voie d’être concrétisé par un nouveau tour de passe-passe. Ali Haddad en personne vient d’annoncer sa candidature au poste de président du FCE. Il va sans dire que le suspense n’est pas permis dans ce cas de figure. Il faut considérer d’ores et déjà que le FCE a trouvé le «bon remplaçant» à Réda Hamiani. L’organisation patronale, qui réunit les plus importants entrepreneurs du pays, a été ainsi, petit à petit, disloquée par des luttes internes autour du leadership. Elle a ensuite été soumise à des pressions politiques sans précédent. Résultat des courses, le FCE a mué en une sorte d’«organisation de masse», comme celles qui ont fait les beaux jours du FLN, allant jusqu’à faire allégeance à un candidat à la présidentielle et à se positionner sans nuance aucune sur les questions politiques. Ce fut le cas lors de l’élection du 17 avril 2014. Un «oui» franc des patrons a été exigé et obtenu malgré les remous créés au sein du FCE. Hormis le tonitruant Slim Othmani qui a ouvertement refusé la mascarade et fait part des pressions qui s’exercent sur les patrons lorsqu’ils ne sont pas du bon côté de la barrière, peu d’hommes d’affaires ont osé dire tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Réda Hamiani, fragilisé par cette énième pression, a dû alors commencer un nouveau mandat en composant avec les «directives» politiques et les critiques de ses pairs, avant de jeter l’éponge pour laisser la place à quelqu’un à qui le pouvoir en place doit une rétribution semi-politique. Hamiani, désormais ex-président du FCE, n’a pas pu mener une stratégie à terme en préparant la relève d’un de ses poulains formés et préparés par ses soins. Tout ce beau monde s’est dérobé en décidant de se ranger du côté du plus fort ou, tout au plus, est resté dans une neutralité confortable. Réda Hamiani a alors été poussé vers la porte de sortie, laissant la place à Ali Haddad, l’homme fort du moment et le candidat indispensable qui permet au pouvoir de parfaire son schéma pour les années à venir. Dans ces conditions, il reste à savoir si aux yeux des patrons, le FCE, dont Omar Ramdane a fait les beaux jours, a encore sa raison d’être.
M. S.
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