Belaïz et la paperasse
Par Meriem Sassi – Le ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaïz, a déclaré, il y a quelques semaines, que l'Algérie avait parcouru des étapes importantes dans la lutte contre la bureaucratie, notamment en ce qui concerne le retrait de documents d'état civil. Une déclaration à priori réconfortante pour les citoyens meurtris par des années de lutte contre ce phénomène dégradant, mais il s’avère que sur le terrain la réalité est moins idyllique. Lors d’une tournée dans certaines APC d’Alger, nous avons observé les mêmes pratiques archaïques de la part d’employés agressifs et peu coopératifs. La délivrance par exemple de l’extrait de naissance 12 S, qui doit être obtenu en principe dans n’importe quelle mairie à l’échelle nationale, est loin d’être concrétisée. La mesure n’est même pas appliquée dans certaines APC de la capitale. Certaines mairies ne sont pas dotées en effet d’un système informatique adéquat et les employés continuent de travailler à leur guise, refusant les demandes des citoyens. Dans d’autres communes, les préposés au guichet refusent de leur propre chef de vous délivrer le document sous prétexte que «vous n’habitez pas le quartier». Notre virée de reconnaissance visant à faire le point sur cette question d’importance pour les citoyens pris en otage depuis trop longtemps par l’administration montre à quel point les décisions du gouvernement peuvent se transformer en simples effets d’annonce, tant aucune prise en charge réelle des problèmes et des blocages sur le terrain n’est assurée. Le gouvernement déploie, selon Tayeb Belaïz, des «efforts colossaux pour lutter contre la bureaucratie et éradiquer ce phénomène à travers la modernisation de l'administration et la numérisation des registres d'état civil pour permettre aux citoyens de retirer différents documents de n'importe quelle commune du pays». Il est désolant pourtant d’observer que cette promesse est loin de se concrétiser dans certaines communes d’Alger et certainement aussi dans d’autres à travers le pays. Laisser-aller, mauvais accueil des citoyens et réflexes bureaucratiques sont légion. Une situation qui prouve le peu d’efficacité de mesures prises en vase clos dans les ministères, alors qu’aucun contrôle ou sanction n’est clairement prévu pour obliger les contrevenants à se plier au nouveau mode de gestion décidé pour alléger les procédures administratives. Le manque de suivi et l’absence de délais clairs pour parfaire le dispositif annoncé créent une situation d’anarchie dont le citoyen est encore une fois la première victime.
M. S.
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