Et maintenant ?
Par Meriem Sassi – Le prix du baril de pétrole a chuté ce matin à son plus bas niveau depuis cinq ans, atteignant un seuil jamais égalé depuis octobre 2009, à 67,53 dollars. La dégringolade des cours du brut continue, donc, et dans son sillage s’amenuisent à vue d’œil les recettes des exportations d’hydrocarbures. Que va faire le gouvernement face à cette nouvelle réalité ? Avec quel argent va-t-il faire taire la contestation sociale ? Comment va-t-il faire pour continuer à museler les revendications de démocratisation, d’ouverture et de prise en compte des aspirations de liberté exprimées par la population dans un contexte de déprime économique qui risque d’avoir des répercussions sévères à moyen terme ? Autant de questions qui se posent au lendemain de nouvelles émeutes qui ont éclaté à Touggourt et dans d’autres régions du pays. N’ayant rien fait pour créer les conditions d’une relance économique hors hydrocarbures, pourtant largement à sa portée depuis dix ans au moins, l’Exécutif continue, malgré la chute du marché pétrolier, à faire l’autruche et à débiter des discours creux. Le même discours servi depuis des années par les membres d’un gouvernement qui, au lieu d’asseoir un véritable plan de développement axé sur une participation effective du peuple, n’a fait qu’aggraver la politique d’assistanat, consistant à brandir un chapeau de magicien pour colmater les tensions et distribuer subventions, salaires et logements. Aujourd’hui, face à un baril de pétrole en déclin, des demandes sociales en hausse et un champ associatif et politique verrouillé, le pays, dont la stabilité est constamment brandie en guise de trophée par le gouvernement en comparaison avec les remous très graves qui secouent la région, encourt de très gros risques. L’Algérie n’est certes pas le seul pays qui sera affecté par une chute durable des prix du pétrole. Néanmoins, les populations dans les autres pays touchés par cette baisse n’ont pas été spoliées de leur droit à s’exprimer, non pas uniquement pour revendiquer du pain, mais pour faire preuve de conscience politique et protéger leur pays quand il le faut.
M. S.
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