Crise au FLN : Abdelkrim Abada menace de se retourner contre Amar Saïdani
Après avoir apporté son aide à Amar Saïdani lors de la tenue de la dernière session du comité central, Abdelkrim Abada, coordinateur du mouvement de redressement et de l'authenticité du Front de libération nationale (FLN), menace de «déterrer» la hache de guerre. Comme signal de son mécontentement, Abada rend public aujourd’hui une lettre qu’il a adressée le 16 novembre dernier au secrétaire général contesté du parti. Dans la lettre en question, Abada exprimait la vision du mouvement de redressement qu’il dirige de la situation de crise que vit le FLN et suggérait des solutions. Le coordinateur de ce mouvement, qui a réussi à faire tomber Abdelaziz Belkhadem en janvier 2013, appelle ainsi Saïdani à tirer les leçons des précédents conflits et à opter plutôt au dialogue et à l’apaisement en évitant toute forme d’exclusion ou d’abus de pouvoir. Il l’invite à concentrer les efforts du parti sur la préparation du congrès en ouvrant la porte à tout le monde. Ce congrès devra être, estime ainsi le dirigeant du mouvement de l’authenticité du FLN, une étape pour régler définitivement la crise que vit le parti depuis plusieurs années et qui s’est accentuée depuis le coup de force de Saïdani en août 2013. Abdelkrim Abada a également demandé à Saïdani de faire attention pour préserver l’unité du parti et le remettre sur les rails pour qu’il puisse reprendre sa place de première force politique du pays. Abdelkrim Abada exige l’ouverture d’un débat démocratique et transparent autour de la préparation du congrès et essentiellement sur les textes régissant le parti. Parmi les textes qui doivent, affirme-t-il, être sérieusement débattus au sein de la base militante et des structures locales et nationales du parti, il y a les statuts et le règlement intérieur du parti. Le coordinateur du mouvement de l’authenticité a appelé Saïdani à combattre toute forme de «rapine», de «corruption» et de «déviation» au sein du FLN. A cela s’ajoute l’installation rapide de la Commission nationale de préparation du congrès qui «doit être composée de militants sincères et dont l’intégrité est reconnue de tous». Cette lettre d’Abada n’a reçu aucune réponse de la part du destinataire près d’un mois après son expédition. Après avoir retourné sa veste et pris des distances du mouvement de protestation conduit par Abderrahmane Belayat, le coordinateur du mouvement de redressement et de l’authenticité semble se rendre à l’évidence en constatant que «les promesses de changement faites par le secrétaire général Amar Saïdani n’ont pas été respectées». La diffusion de cette lettre, adressée aujourd’hui à la presse nationale, signifie-t-elle la fin de la trêve signée en juin dernier entre les deux hommes ? Une trêve qui a permis à Saïdani de tenir le comité central sans grands couacs. La crise du FLN est ainsi loin de s’estomper.
Rafik Meddour