Laksaci ce lundi à l’APN : des chiffres que tout le monde appréhende

Comme de coutume à chaque fin d’année, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, s’apprête à présenter à l’Assemblée nationale, ce lundi 15 décembre, un exposé sur la situation financière et monétaire du pays, dans une conjoncture économique et financière marquée par une baisse de plus en plus menaçante des cours du brut. Le marché pétrolier a, en effet, perdu près de 40% de sa valeur depuis le mois de juin et la tendance baissière semble se confirmer de semaine en semaine, jetant l’inquiétude sur les pays comme l’Algérie dont l’économie repose essentiellement sur les recettes des hydrocarbures. Ce que dira Laksaci devant les députés ne différera pas beaucoup du tableau que son institution avait brossé pour le deuxième semestre de l’année en cours, dans la note de conjoncture. L’accent sera sans aucun doute mis sur les inquiétudes nées de la chute brutale des prix du pétrole sur les marchés internationaux et qui étaient déjà exprimées dans le bilan semestriel en question. L’économie nationale est, de l’avis de tous les experts, dans une posture peu enviable, voire dangereuse, même si le discours officiel s’entête à minimiser les risques d’un choc pétrolier. Le discours béatement optimiste des officiels ne saurait cacher une réalité amère pour une économie qui n’a d’autres produits à faire valoir que le pétrole extrait des entrailles de la Terre. En présentant la note de conjoncture pour le premier semestre de 2014, M. Laksaci exprimait déjà des craintes : les réserves de changes avaient déjà commencé à baisser. Par l’effet combiné de la contraction des revenus issus de l’exportation d’hydrocarbures et de la hausse des importations de biens et services, la balance des paiements a enregistré un déficit de 1,32 milliard de dollars au premier semestre 2014. C’est ce qu’indiquait, en effet, le rapport de la Banque d’Algérie qui notait que le déficit en question a conduit à une contraction des réserves de changes officielles, situation inédite depuis le début de la décennie. Et comme la situation financière et monétaire du pays a continué à se dégrader depuis la publication de la note de conjoncture pour le premier semestre, il va sans dire que le bilan annuel qui sera présenté par M. Laksaci à l’Assemblée nationale dans les prochains jours sera sans nul doute sombre davantage. Ce n’est pas l’optimisme, incompréhensible d’ailleurs, affiché par le gouverneur de la Banque d’Algérie récemment à l’occasion de la tenue d’une conférence financière à Abu Dhabi sur d’hypothétiques «bonnes perspectives de croissance pour 2015» de l’économie algérienne, qui va changer la donne. M. Laksaci évoquait un taux de 4% de croissance pour l’année prochaine, à un moment où les institutions financières internationales (FMI et Banque mondiale) le situent autour de 3%. Le gouverneur de la Banque d’Algérie n’est pourtant pas sans savoir que la croissance dont il parle n’est tirée essentiellement que par l’investissement public qui s’appuie, pour sa part, sur les recettes pétrolières pour faire tourner la machine. Comme ces revenus pétroliers commencent à baisser inexorablement, comment et jusqu’à quand l’Etat pourra continuer à puiser dans le fonds de régulation des hydrocarbures pour faire fonctionner l’économie et financer les dépenses consenties au chapitre de la paix sociale ? C’est dire que la situation actuelle du pays rappelle étrangement une certaine période de l’histoire du pays lorsque la chute des cours du pétrole avait provoqué le tarissement des recettes et par extension l’effondrement de toute l’économie nationale. Tout le monde sait ce qui s’est passé par la suite, avec l’éclatement des évènements d’octobre 88. Si l'on compare les deux périodes, les similitudes prennent le pas sur les différences.
Amine Sadek

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