Ce qu’a vraiment dit Saïd Sadi sur Messali El Hadj lors de sa conférence à Sidi Aïch

L’ex-leader du Rassemblement pour la culture et la démocratique, Saïd Sadi, a mis aujourd’hui sur sa page Facebook le contenu exact de sa conférence à Sidi Aïch dans le but, visiblement, de permettre aux Algériens de savoir ce qu’il a dit, dans quel contexte et les mots qu’il a employés. Répondant à une question relative à Messali El Hadj et son rôle durant la Révolution, Saïd Sadi a affirmé ceci, écrit-il : «Il y a suffisamment d’écrivains, suffisamment de recherches qui ont relaté son parcours. Nul ne peut contester – que je l’aime ou non – que Messali a fait partie des militants de l’Etoile nord africaine, premier parti à avoir revendiqué l’indépendance en 1926. C’est une vérité historique. Il faut le dire. Personne ne peut nier qu’il a dirigé le PPA-MTLD avec une disponibilité et un courage réels. Mais et ça ouvre la réponse à la troisième question : quand on reste trop longtemps loin de son peuple et que l’on exerce des responsabilités loin de son peuple, on finit toujours par : être mutilé dans ses capacités d’analyse, mal ressentir les choses, parce qu’on est loin des réalités quotidiennes et être victime de son propre égo et se donner toujours raison. Et là, c’est le début de la fin.» Il estime ainsi que «c’est ce qui est arrivé à Messali. Il est devenu autiste : il parlait tout seul, il argumentait tout seul, il posait des questions tout seul et il se répondait tout seul. Ce qui fait que dans la fin des années 1940, même après la répression de 1945, avec des dizaines de milliers de morts, il disait qu’on devait aller vers des élections, alors que l’ensemble du parti disait non, en tout cas, la très grande majorité du parti disait non. Il n’a pas voulu voir que la majorité de l’encadrement du PPA-MTLD était contre sa démarche. Et c’est comme ça qu’il a basculé dans la trahison». Saïd Sadi continue son analyse en revenant sur ce qu’aurait dit Ali Kafi sur Messali. «Kafi aurait dit que Messali a trahi ; oui, Messali a été à l’origine de la mort de milliers d’Algériens. La France a armé des maquis messalistes contre l’ALN. C’est pour ça que j’ai écrit la lettre publiée dans Liberté à la veille de l’arrivée en Algérie du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault. (François Hollande avait fait applaudir à l’APN Messali El Hadj qui sera le seul responsable cité par le chef de l’Etat français). Imaginez que moi je vienne en France pour vous demander de réhabiliter Pétain et zapper de Gaulle. Oui, cela est inadmissible», a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité de dire toute cette vérité. «Il faut dire tout ça ! Mais, franchement, moi ça me choque, en tant que citoyen, qu’on ait donné le nom de Messali à un aéroport. Ça, c’est une prime à la trahison», a-t-il conclu. Ce sont ces propos qui lui ont valu une information judiciaire ouverte par le parquet d’Alger qui s’est, une fois n’est pas coutume, autosaisi pour «diffamation» à l’encontre de Messali El Hadj, Ali Kafi et Ahmed Ben Bella. Saïd Sadi a réagi à la mise en branle de la justice, en assumant entièrement ses propos et en assurant qu’il est prêt à aller devant un tribunal pour «débattre de l’Histoire de l’Algérie».
Une pétition pour soutenir Saïd Sadi et défendre la liberté d’expression
Un groupe de citoyens vient de lancer sur Internet une pétition de soutien à Saïd Sadi, qui fait l’objet d’une procédure judiciaire suite à ses propos sur le rôle joué durant la Révolution par Messali El Hadj, Ali Kafi et Ahmed Ben Bella. Les initiateurs de cette pétition dénoncent ainsi l’«instrumentalisation» de la justice. «Le parquet d’Alger vient de s’autosaisir en ouvrant une information judiciaire suite aux propos tenus par Saïd Sadi dans une série de conférences publiques. Ces propos, concernant des anciens dirigeants du mouvement national, ont été rapportés, depuis longtemps et à plusieurs reprises, par d’autres personnalités dont certaines étaient, ou sont, en charge de fonctions officielles», lit-on dans le texte de la pétition disponible sur www.petition24.com. « La célérité de cette procédure contraste avec la lenteur, voire l’abandon de dossiers où la souveraineté politique et économique du pays est directement impactée», ont ajouté les initiateurs de cette pétition qui se réfèrent notamment à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui garantit «la liberté d’opinion et d’expression» ainsi que les dispositions de la Constitution algérienne traitant du même sujet. Pour eux, ces dispositions «viennent d’être violées». «Les droits de l’Homme sont l’un des rares lieux de rencontres privilégiés des Algériennes et des Algériens. C’est l’ultime valeur à défendre», ont-ils argué. Par cette pétition, ils disent vouloir dire «halte à la mystification de l’Histoire» et pour l’«indépendance de la justice». Ils expriment ainsi leur solidarité à «tous les citoyens cherchant ou œuvrant pour la manifestation de la vérité historique». «C’est à ce titre que l’Algérie, se réappropriant son Histoire avec ses glorieuses épopées, ses erreurs et ses fautes, pourra se rassembler et se construire dans un pays démocratique et social», estiment ces initiateurs dont Ali Yahia Abdenour, avocat, ancien ministre et défenseur des droits de l’Homme.
Rafik Meddour
 

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.