L’écrivain Gilles Munier met en garde : la France va s’impliquer dans un génocide au Proche-Orient

L’essayiste français Gilles Munier prévoit une situation chaotique au Moyen-Orient, précisément en Irak où la France est pleinement engagée militairement. «Dans quelques semaines, le porte-avions Charles de Gaulle – bien mal nommé en la circonstance – sera en position dans le Golfe pour bombarder l’Irak et tuer inévitablement des milliers de pauvres gens qui avaient ‘’une certaine idée de la France’’», écrit cet intellectuel «gaulliste», qui a passé le plus clair de sa jeunesse à Alger et en Kabylie et dont le père, militant actif pour l'indépendance de l'Algérie, en a été expulsé sur ordre de François Mitterrand, alors ministre de l'Intérieur. Dans une longue contribution parue le 26 janvier sur le site France-Irak-Actualité, Gilles Munier s’attend à ce que cette «guerre contre l’Etat islamique» va provoquer inexorablement de nouveaux exodes de populations et achever de détruire une région à bout de souffle. «Et tout cela parce que les Etats-Unis ont besoin de la caution de la France pour reprendre pied dans un pays que ses troupes ont dû quitter précipitamment en 2011, et pour se positionner pour “la guerre d’après”, sans doute contre l’Iran», analyse ce fervent défenseur de la cause palestinienne, qui a été solidaire avec le peuple vietnamien et de la cause des Noirs américains dans les années 1970. Selon Munier, «les bombardements français feront des victimes parmi les djihadistes, mais moins qu’on ne le prétendra». «Car si les bilans égrènent les pertes invérifiables de l’adversaire, ils se gardent bien de donner celles, plus nombreuses, des victimes dites collatérales. Les tués et blessés seront donc, comme d’habitude et dans leur majorité, de paisibles citoyens musulmans dont les parents et les proches, exaspérés, crieront vengeance et iront grossir les rangs des partisans d’Abou Bakr Al-Baghdadi (le calife autroproclamé de Daech, ndlr)». Et d’enchaîner : «Déjà alimentée par la publication des caricatures provocatrices du Prophète Mohammad, les massacres à venir de civils légitimeront dans l’esprit de très nombreux musulmans es attaques de djihadistes contre des objectifs en France. Voilà où la politique de François Hollande, après celle de Sarkozy, a conduit notre pays.» Gilles Munier, qui a avait choisi l’université d’Alger en 1962 pour faire ses études supérieures, n’hésite pas à faire le lien entre l’attentat contre Charlie Hebdo et l’urgente décision du gouvernement français d’envoyer un de ses plus grands navires au Proche-Orient. «Ce n’est peut-être pas un hasard si l’attentat à Charlie Hebdo a été commis peu après l’annonce de l’envoi du porte-avions Charles de Gaulle au Proche-Orient et juste avant le vote par l’Assemblée nationale et le Sénat de la poursuite de l’opération Chammal, décidée en août dernier… à la demande du régime de Baghdad», poursuit Gilles Munier, par ailleurs président de l’association Amitiés franco-irakiennes depuis la création de celle-ci par l’orientaliste Jacques Berque, en 1986. Comme il fallait le craindre, dit-il, la reconduction de Chammal s’est faite dans l’émotion provoquée par les attentats, à la quasi-unanimité des parlementaires, et les voix qui s’élevaient depuis son lancement ont été étouffées. Gilles Munier rappelle, en outre, qu’en septembre dernier, commentant la visite effectuée à Baghdad par François Hollande, Dominique de Villepin, ex-Premier ministre foncièrement contre la politique belliqueuse menée actuellement par l’Elysée, avait affirmé sur BFMTV que l’engagement français dans le troisième guerre d’Irak est «absurde et dangereux», que ce n’est pas en envoyant des militaires français là-bas que l’on endiguera l’afflux de djihadistes. L’avis d’Alain Marsaud, ancien chef du Service central de lutte antiterroriste du parquet de Paris, est également cité dans la contribution de Gilles Munier. En effet, soutient-il, le magistrat qui s’était prononcé contre l’intervention française en Irak, accordant un entretien au quotidien Le Figaro, craignait que la France devienne «la cible n°1» des djihadistes. «Ce sont les Américains qui sont responsables de cette situation, ils ont la capacité eux de faire le travail tout seuls», martelait Marsaud. «On ne réglera pas ce problème de l'Etat islamique sans engagement de troupes au sol quoi qu'on nous raconte ! On ne va quand même pas aller faire tuer des soldats français en Irak !» s’écriait l’ex-patron de la lutte antiterroriste que Gilles Munier n’hésita pas à citer parmi les «spécialistes soucieux des intérêts supérieurs de la France».
Djamel Z.
 

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