Scènes d’exécution tournées à la hollywoodienne : qui assiste Daech dans ses pratiques sadiques ?

La vidéo montrant la scène d’exécution du pilote jordanien Moaz Al-Kassasbeh se distingue par sa haute facture technique et par un mode de tournage tout à fait inédit, qui prouvent que les terroristes redoublent en effet de créativité. La mise en scène et la réalisation portent l’empreinte de cinéastes professionnels se mesurant aux plus grands réalisateurs d’Hollywood, et qui auraient utilisé des moyens technologiques bien plus sophistiqués que ceux que ce groupe terroriste nous avait habitués jusque-là. Technique 3D, synchronisation, jeux de zoom impeccables, astuces scénographiques dignes d’un Spielberg, etc. Il est vrai aussi que l’effort technique cette fois-ci était à la hauteur du type d’exécution, tout aussi novateur, qui a été choisi pour mettre à mort l’otage jordanien : une cage transformée en brasier au milieu du désert. Un No Man’s Land pour jouer un Apocalypse Now, livré tout frais par des nécrophiles qui se surpassent en sadisme. Et la question que l’on ne peut s’empêcher de poser ici est de savoir qui fournit à l’organisation terroriste de Daech une telle assistance audiovisuelle ? Une enquête sérieuse pourrait certainement aider à divulguer les dessous de cette histoire. Mais qui a intérêt, aujourd’hui, en dehors des victimes, à connaître ou à dévoiler la vérité sur les connexions de «l’Etat islamique en Irak et au Levant» ? Plusieurs témoignages et reportages avaient déjà alerté sur l’implication des services de renseignement des puissances occidentales (France, Etats-Unis, Grande-Bretagne) et des gouvernements arabes ou musulmans (Arabie Saoudite, Qatar, Turquie) dans les soutiens multiples – financiers et logistiques – apportés aux différents groupes armés en Syrie. Certaines capitales, comme Washington, Paris ou Ankara, ne s’en cachaient pas. Elles continuent d’ailleurs à le faire en toute impunité, sous couvert d’aide aux «factions modérées» de la rébellion syrienne, que les dirigeants occidentaux s’escriment à faire exister sur le terrain. Par ailleurs, on peut supposer qu’avec les rentes immenses engrangées grâce au pillage des zones conquises et à l’exploitation frauduleuse –encouragée en sous-main par des spéculateurs internationaux – des gisements pétroliers à Kirkouk et à Riqqa, les terroristes de Daech puissent acquérir des équipements de pointe pour les besoins de leurs vidéos, et s’offrir même localement les services de spécialistes chevronnés dans le domaine de l’audiovisuel. Mais quel cinéaste, quel artiste arabe peut accepter de collaborer avec des sanguinaires qui, plus est, sont les plus grands négateurs de l’art ? Est-ce un hasard si le plus grand metteur en scène syrien, Moustapha Aqqad, mondialement connu pour son film culte Le Messager (1977), a été tué dans un attentat perpétré le 11 novembre 2005 à Amman, capitale de la Jordanie, par une terroriste nommée Sajida Richawi et revendiqué par Al-Qaïda ?
R. Mahmoudi

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