Comme un fait banal

Par Kamel Moulfi – La situation chaotique qui s’est installée en Libye après le renversement et l'assassinat de son dirigeant Mouammar Kadhafi en octobre 2011 (il y a plus de trois ans !) a tendance à être traitée maintenant comme un fait banal. Les affrontements meurtriers sont quotidiens dans ce pays où l’Etat n’a aucune prise sur les événements. Il ne fait plus de doute que tous les malheurs que vit la Libye ont pour source le pétrole qui a motivé l’agression menée par l’Otan et d’autres pays occidentaux en 2011. Dans la nuit de mardi à mercredi, des hommes armés ont pris d'assaut le gisement pétrolier de Mabrouk, exploité par le groupe français Total. On dit que c’est le groupe Daech qui serait à l'origine de cette attaque qui aurait fait quatre morts. Auparavant, il y a quelques jours, cinq étrangers ont été tués lors d’une prise d'otages à l'hôtel Corinthia de Tripoli, revendiquée, celle-là, par Daech. Cela s’est passé dans le quartier diplomatique de Tripoli où se trouvent des ambassades étrangères et des bureaux de l'ONU. Les préoccupations qui découlent de ce chaos dans notre voisinage ont sans doute été au centre des entretiens qu’a eus le président tunisien au cours de la visite d’Etat qu’il a effectuée en Algérie. Si elle n’est sabotée par aucune ingérence extérieure ou interférence hostile, la coopération entre l’Algérie et la Tunisie peut créer un contrepoids salutaire aux conséquences néfastes du «printemps arabe». Une bonne convergence de vues sur la situation dans la région, une coopération efficace dans la lutte antiterroriste et un partenariat économique pertinent contribueront, comme un antidote, de façon sûre à s’opposer aux effets contagieux du chaos libyen sur la Tunisie et, par incidence, sur l’Algérie. Circonstance avantageuse : les pays occidentaux sont contraints de tirer les leçons de leur intervention catastrophique en Libye et de leurs ingérences criminelles en Syrie. Le fléau du terrorisme les a atteints. Ce n’est pas le fait du hasard : l'auteur de l’agression contre trois militaires en faction dans le centre-ville de Nice avait été refoulé le 29 janvier à l'aéroport d'Istanbul, plaque tournante du mercenariat qui opère en Syrie.
K. M.