L’étrange insistance de l’Occident contre une intervention en Libye après y avoir semé le chaos

L’actualité vient de livrer un fait curieux : des pays occidentaux, dont la France et la Grande-Bretagne qui sont intervenus en Libye, en 2011, sans hésiter, avec le résultat catastrophique que l’on sait – assassinat de Mouammar Kadhafi et chaos dans ce pays –, trouvent subitement des vertus à la solution politique maintenant que Daech a commencé à s’installer dans ce pays, avec des véhicules 4×4 flambant neufs et des armes à gogo, plus précisément entre l’Egypte, la Tunisie et l’Algérie. Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, Bernardino Leon, chef de la mission d’appui des Nations unies en Libye, a alerté sur le danger qui menace «la Libye, son peuple et la région en général» si aucune solution n’est rapidement trouvée. Le danger vient de Daech qui manifeste «un mépris flagrant de la souveraineté libyenne et des institutions d'Etat», a-t-il constaté. La situation est telle que le Parlement libyen a été forcé de déplacer son siège de la capitale, Tripoli, à Tobrouk. Pourquoi alors cette insistance des pays occidentaux (qui ont activement participé à la chute de Kadhafi) à ne pas intervenir militairement en Libye après y être eux-mêmes intervenus? Il est vrai que ce carnaval folklorique est organisé par les services secrets occidentaux avec certains alliés arabes. Des observateurs font remarquer que Daech est issu non pas d'Iran ou de la Corée du Nord, tous deux «ennemis» de Washington, mais d'Irak, pays «libéré» et «démocratisé» par les Etats-Unis eux-mêmes. Ils relèvent également que les terroristes de Daech se sont formés, avec le soutien des pays occidentaux et de leurs alliés arabes, dans la guerre contre la Syrie, pour renverser le président Bachar Al-Assad. Un officiel égyptien a accusé ouvertement le Qatar de soutenir le terrorisme en Libye, et Doha a exprimé son irritation après les bombardements par l’Egypte des positions de Daech. Autre fait curieux : la Maison-Blanche a organisé jeudi une conférence internationale sur «la lutte contre l'extrémisme violent»… pour en conclure que le problème du terrorisme, appelons-le par son nom, «ne pouvait pas être résolu uniquement par la force». Cela ressemble à une fin de non-recevoir à la demande de la Libye aux Nations unies, qui n’a pourtant rien d’extraordinaire : lever l'embargo sur les armes qui pèse actuellement sur le pays et bloquer les armes destinées aux terroristes. Il faut s’interroger sur l'efficacité de la seule action diplomatique, qui est d’ailleurs la même position qu’a défendue l’Algérie avant l’intervention de l’Otan en Libye. Il n’est pas déplacé de se demander également si l’attaque de Tiguentourine n'était pas qu'un test, finalement. Le ministère de la Défense nationale a rassuré l’opinion publique algérienne sur le fait que les frontières nationales sont «sécurisées» et que les unités de l’Armée nationale populaire (ANP) et les différentes forces de sécurité «demeurent vigilantes contre toute tentative susceptible de porter atteinte à nos frontières». L’efficacité de ces mesures de vigilance ne fait aucun doute, elles complètent l’action diplomatique et préviennent les risques tout se préparant à toute éventualité.
Houari Achouri
 

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