De l’hermaphrodisme à… «Et Dieu… créa la femme»

Il y a deux ans, j'avais écrit sur le quotidien national Le soir d'Algérie une lettre ouverte à Louisa Hanoune. Cette lettre dans laquelle j'avais adressé, en tant que militant de Jil Jadid, une mise au point à la cheftaine du Parti des travailleurs était motivée par le fait que Mme Louisa Hanoune s'était attaquée de façon gratuite et mesquine au parti sus-cité qu'elle avait, par ailleurs, traité de «parti imaginaire». Je ne reviens pas sur cette histoire vieille de plus de deux ans maintenant. A Jil Jadid, le moins qu'on puisse dire c'est que nous ne sommes nullement rancuniers et nous savons pardonner à ceux qui, à leur tour, savent se remettre en cause, politiquement parlant, et reviennent à leur vocation première, c'est-à-dire à l'opposition politique au régime actuel, si j'ose dire. En effet, grande fut ma surprise de constater, à travers la longue interview que Mme Louisa Hanoune a accordée à El Watan du 19 février, que celle-ci ne semble plus soutenir de façon inconditionnelle le président Abdelaziz Bouteflika dont elle dit, de façon claire et nette, sans ambages pourrais-je ajouter, qu'il «n'a pas tenu ses engagements». Ce discours est nouveau chez la première responsable du PT. Pour une fois, on constate que Louisa Hanoune ne verse pas dans un discours démagogique. Son discours est cette fois-ci logique. Sauf qu'à mon humble avis, elle vise mal. Elle se trompe de cible. Car là où, personnellement, en tant que citoyen (la précision s'impose), je ne suis pas d'accord avec elle, c'est qu'on n'a nullement entendu, et cela durant toute la campagne électorale du mois d'avril 2014, Abdelaziz Bouteflika faire des promesses ou s'engager en quoi que ce soit. Logiquement donc, il n'est tenu par aucun engagement. C'est plutôt ceux qui l'ont soutenu, ceux qui ont sillonné le pays en long et en large pour l'imposer une quatrième fois à la tête du pouvoir alors que, lui, le pauvre, n'avait plus sa tête, qui devraient, aujourd'hui, rendre des comptes si Tata Louisa, comme l'appelle si affectueusement le chroniqueur du Soir d'Algérie Maâmar Farah, estime sérieusement que la «moubarakisation» de l'Etat est déjà entamée. Quant à l'oligarchie qu'elle évoque du bout des lèvres ici, force est d'admettre que ce n'est plus une vue de l'esprit d'une femme à l'esprit dérangé par tant d'années de militantisme, mi-figue mi-raisin, critiquant le pouvoir par les paroles tout en y adhérant par les actes, mais que c'est bel et bien une réalité. Celle-ci est en train de prospérer à l'ombre d'un pouvoir autiste et paralysé. Et ce n'est pas le patron, nouvellement élu, du FCE qui nous contredira ici. Dans cette interview, il faut reconnaître que l'ex-trotskiste Louisa Hanoune évolue comme sur du velours. Elle a si bien développé son point de vue (ou ses points de vue puisque l'interview en question portait sur plusieurs questions à la fois) qu'elle donne l'impression au lecteur, même avisé et rompu à la chose politique, qu'elle a bien une longueur d'avance sur les autres chefs de parti politique, que ce soit dans la coalition ou dans l'opposition. A noter, cependant, que j'ai pu relever une confusion dans sa tête (et pas seulement «une confusion dans les prérogatives» de l'Etat) qui mérite une petite digression. En effet, en parlant du régime présidentiel, elle avance, sans doute sûre d'elle, que «c'est un régime qui n'a ni queue ni tête» pour ensuite user d'un terme qui nous semble tout à fait inapproprié avec cette comparaison. «C'est un régime hermaphrodite» soutient-elle, tout en ayant certainement les yeux braqués sur son interlocuteur et les jugulaires turgescentes. Oh la vache ! comme diraient nos cousins gaulois. Le terme hermaphrodite s'applique à certains êtres du règne animal que la nature a pourvu des deux sexes (mâle et femelle) en même temps. Autrement dit, «une queue» et un … Par politesse et par pudeur, je n'oserai pas prononcer le reste de la phrase. Quand en politique on emploie des termes scientifiques dont on ne connaît pas bien l'étymologie, forcément, ça ne peut que déboucher sur des amalgames et des confusions.
Aziz Ghedia

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