Pouvoir et opposition en Algérie : à chacun son consensus

Selon l'opposition réunie au sein de la CNLTD et du Pôle démocratique pour le changement, pour sauver le pays, qui sombre dans une crise multidimensionnelle durable, grosse de tous les risques pour la cohésion, la stabilité, la sécurité et l'unité nationales, il faut d'urgence sacrifier à la fois le système obsolète, en place depuis 1962, et le pouvoir composé de prédateurs cupides, obstinés et isolés, qui ont perdu toute crédibilité sur les plans interne et externe, et qui ont plongé l'Algérie dans une impasse mortelle. Selon le pouvoir, il faut plutôt sauver le clan en sacrifiant le système, qui a montré ses limites structurelles (afin de lui permettre de poursuivre son œuvre de rabaissement, de destruction et de régression du pays dans de nombreux domaines). Selon Mouloud Hamrouche, qui se définit, comme Ghozali et d'autres personnalités politiques et militaires, comme un enfant du système, pour sauver ce dernier et retrouver la confiance du peuple et la crédibilité du système, il faut sacrifier les aventuriers au pouvoir, qui ont causé beaucoup de mal au pays, depuis avril 1999. Pour le FFS, le seul moyen de sauver l'Algérie, aujourd'hui sérieusement menacée d'éclatement, à cause de la déliquescence avancée de l'Etat algérien, ce serait par un consensus entre toutes les parties prenantes de la vie politique, économique et sociale algérienne, y compris le pouvoir, avec la tenue d'une Constituante pour enterrer la première République, ses tares et ses drames, et mettre en place la deuxième République, également désirée par Madame Louisa Hanoune, qui renie et dénonce de manière virulente son alliance avec le pouvoir et ses serviteurs zélés du FLN, du RND, du TAJ, du MPA, de l'ANR et du PRA notamment. En tout état de cause, aujourd'hui plus que jamais, la rupture semble irrémédiablement consommée entre un pouvoir autiste, enivré par sa puissance répressive, sa dérive dictatoriale et les ressources financières dont il dispose à sa guise, sans pratiquement aucun contrôle parlementaire, réglementaire ou judiciaire, qui pratique une fuite en avant suicidaire et achète le silence des puissances étrangères en leur octroyant abusivement des concessions importantes, dans de nombreux domaines et une opposition, qui a hardiment franchi le mur de la peur en mobilisant, le 24 février dernier, des dizaines de milliers de personnes à travers les 48 wilayas du pays, et qui est décidée à jouer pleinement son rôle constitutionnel jusqu'à la chute pacifique de ce pouvoir clanique vermoulu afin de mettre fin aux abus, méfaits et forfaits commis impunément par ses membres.
Rabah Toubal
 

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