Révélations d’un ancien membre de la FAF : Fédération algérienne de football ou milice armée ?

L’ancien président du club Amel Larbaâ, Nasreddine Baghdadi, jette un véritable pavé dans la mare pestilentielle de la Fédération algérienne de football (FAF). Lors de son passage jeudi sur Echourouk TV, cet ancien membre du bureau fédéral a fait de graves révélations sur le fonctionnement de la FAF durant les années de braise, évoquant des pressions et des menaces à l’arme automatique. Nasreddine Baghdadi s’est beaucoup attardé sur la période où la FAF était dirigée par Mohamed Salah Diabi (1997-1999), assurant que l’ancien général à la retraite Mohamed Betchine n’avait rien à voir avec sa nomination à la tête de cette organisation. M. Baghdadi a cependant fait état de «réunions du bureau fédéral se déroulant avec les armes de poing de ses membres posées sur la table des discussions». Pour lui, ces armes étaient le principal moyen de pression. Le plus ahurissant, c’est que des révélations d’une telle gravité sont passées inaperçues et n’ont connu aucune suite. Elles n’ont pas été relayées par d’autres médias ni suscité des réactions de la part des autorités à tous les niveaux. Certes, Nasreddine Baghdadi parlait effectivement d’une époque marquée par la multiplication des actes terroristes. Des actes qui ont poussé les hautes autorités du pays à remettre des armes de poing à certaines catégories de travailleurs algériens dans le but de se protéger face aux terroristes. Parmi ces catégories, il y avait, bien entendu, les journalistes, cible privilégiée des groupes terroristes. Et pas seulement. Des cadres de la Centrale syndicale avaient été bel et bien armés par l’Etat après le lâche assassinat de leur secrétaire général Abdelhak Benhamouda en 1996. Mais rien ne pouvait justifier la présence de ces armes sur une table de discussions du bureau fédéral de la FAF. Une telle scène nous fait penser aux films sur la mafia italienne. Il faut rappeler que l’usage de ces armes était codifié. Elles étaient censées servir exclusivement à se défendre contre les terroristes et devraient avoir été restituées aux autorités depuis longtemps. Visiblement, cela n’a pas été fait. Il est judicieux aujourd’hui de se demander combien d’Algériens gardent toujours ces armes de poing et à quelles fins. La loi algérienne interdit la vente d’armes et soumet à de strictes conditions l’octroi d’un permis de port d’armes. Il est par exemple interdit aux bénéficiaires d’user de leurs armes pour menacer une personne non armée ou de l’exhiber dans des lieux publics ou de travail dans le but d’impressionner et de faire peur. La justice doit se pencher sur cette affaire pour la tirer au clair. Il y va de la crédibilité de l’instance fédérale du football algérienne et de celle de la République.
Rafik Meddour
 

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