La LADDH se penche sur les suicides dans la police

La Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme se dit préoccupée par l’ampleur prise par le phénomène du suicide dans les rangs de la police en Algérie, en relevant qu’en moyenne dix fonctionnaires de police se donnent la mort chaque année. Trois cas ont particulièrement focalisé l’attention des observateurs : le suicide d’un agent de sûreté dans la wilaya de Djelfa, et avant lui le suicide d’un policier à Béjaïa à l’aide de son arme à feu et un troisième à Ghardaïa. La LADDH a chargé un de ses secrétaires nationaux, Houari Kaddour, pour suivre ce dossier des «suicides dits professionnels». Dans une déclaration adressée à la rédaction, la LADDH tente de diagnostiquer le mal, en soulignant de prime abord la multiplication des protestations de rue, «en l’absence de solutions effectives aux problèmes des citoyens». La Ligue a ainsi recensé plus de 15 000 actions liées à diverses revendications sociales, économiques, syndicales, écologiques ou politiques, une hausse qui s’explique, selon la LADDH, par «le verrouillage politique et l’impasse sociale». Les rédacteurs de la déclaration estiment que la mobilisation accrue des éléments de la police pour affronter «cette montée des manifestations pacifiques» a fini par se déteindre sur l’état moral de ces agents, lesquels, selon la LADDH, «doivent souffrir de pressions psychologiques pour être forcés d’exécuter des ordres contre leur gré». A cela s’ajoute le stress quotidien, «du fait qu’il doit chaque jour rester sur le qui-vive et attendre d’être appelé à tout moment de la journée, en cas d’urgence». La Ligue constate également que les policiers «se retrouvent souvent seuls face à face avec les citoyens, aux lieu et place des responsables centraux ou locaux, lesquels se contentent de donner des ordres», souligne la LADDH. Autre facteur aggravant leur cas : l’absence de vie syndicale au sein de ce corps de sécurité, «ce qui fait que la police, estiment les auteurs du document, est associée dans l’esprit des Algériens à un corps militarisé». Or, cette situation n’est pas compatible avec l’un des principes de la Charte internationale des droits de l’Homme, à savoir la nécessité de l’existence d’un contre-pouvoir dans chaque administration, dont la mission est de «sauvegarder l’équilibre de l’organisme en question». «Par conséquent, explique la LADDH, l’image répandue en Algérie est que la police est au service du régime et non pas du citoyen». La Ligue dresse enfin une liste de propositions pour endiguer ce fléau qui touche cette frange de la société : prise en charge sérieuse de ses revendications socioprofessionnelles ; assurer un suivi psychologique permanent des policiers, en prévenant les cas de dépressions nerveuses ou de tentation de suicide ; création de cellule de prise en charge psychologique à travers tout le territoire national et, enfin, l’autorisation de création de structures syndicales autonomes au sein de ce corps de sécurité.
R. Mahmoudi
 

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