Démission ou limogeage du directeur de l’AADL : c’est le ministre de l’Habitat qui devrait être révoqué

L’annonce du départ du directeur général de l’Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement (AADL), Lyès Benidir, a été faite trois jours après que la décision eut été prise. Rien ne va plus au ministère de l’Habitat. La raison en est que le ministre, Abdelmadjid Tebboune, claironne depuis son avènement à la tête de ce département que «tout sera réglé» dans les plus brefs délais, multipliant les promesses et les annonces sans que celles-ci soient suivies d’effet. Les programmes de logement lancés par le gouvernement patinent et on s’achemine irrévocablement vers une nouvelle crise «AADL 2001-2002». Le ministre avait démenti, en mars dernier, le remplacement du directeur général de l’AADL, affirmant que cette information, qui avait fait le tour des rédactions, n’était que de la pure spéculation. Mais le départ de Lyès Benidir, ce samedi, confirme la présence de tensions entre le ministre et les directeurs des différentes entreprises relevant de son secteur. L’amplification et la multiplication des discours prometteurs de Tebboune ont créé une pression telle sur l’AADL, que les citoyens, n’apercevant aucune lueur d’espoir face à leur attente qui dure depuis bientôt quinze ans, ont décidé de reprendre le chemin de la protestation pour réclamer la réception de leurs logements. La contradiction entre les annonces du ministre et l’absence de résultats concrets sur le terrain a fini par avoir raison du directeur de l’AADL qui n’avait pas d’autre choix que de claquer la porte faute de pouvoir continuer indéfiniment à couvrir les «mensonges» de son ministre. Cette démission ou ce limogeage de Lyès Benidir achève d’aggraver une crise du logement qui est loin de tirer à sa fin, contrairement à ce que propage Abdelmadjid Tebboune dont les annonces relèvent souvent des contes de fées, n’hésitant pas à fixer des dates très proches pour la «fin des bidonvilles», voire carrément la «fin de la crise du logement» en Algérie, alors que l’échec lamentable du programme lancé par Bouteflika saute aux yeux. Le maintien d’Abdelmadjid Tebboune à la tête du très sensible département de l’habitat compromet sérieusement les objectifs tracés pour résorber la crise du logement dont la persistance prouve l’incompétence des responsables en charge de ce dossier, au premier rang desquels le ministre lui-même. Beaucoup s’interrogent sur les raisons qui ont concouru à son retour au gouvernement bien qu’il n’ait fait preuve d’aucune aptitude lorsqu’il lança ce même programme lors du premier mandat de Bouteflika et qui n’est toujours pas achevé, alors que le Président qui l’a désigné puis rappelé en est à son quatrième. Il apparaît très clairement que le directeur général de l’AADL n’est qu’un fusible et que son départ – voulu ou forcé – vise à faire accroire aux souscripteurs que le problème – tout le problème – vient de lui. Les jours et les semaines à venir démontreront, pourtant, que c’est plutôt le limogeage d’Abdelmadjid Tebboune qui devrait débloquer la situation.
Karim Bouali

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