Les Etats-Unis s’apprêtent à inonder le marché mondial en gaz naturel liquéfié : l’Algérie menacée

Les Etats-Unis, qui ont considérablement augmenté leurs capacités de production, s’apprêtent à inonder le marché mondial avec des quantités sans précédent de gaz naturel liquéfié (GNL). L’information, rapportée par le très sérieux journal britannique The Telegraph, est de nature à influer sur le marché très volatil des hydrocarbures. «Nous visons à devenir de grands exportateurs du gaz naturel liquéfié. Je pense que nous aurons un grand impact», a déclaré le secrétaire américain à l'Energie, Ernest Moniz. Ainsi, les Etats-Unis qui exploitent déjà le gaz et le pétrole de schiste cherchent désormais à peser sur le marché mondial du GNL où l’Algérie fait partie des principaux exportateurs avec le Qatar, l’Australie, la Malaisie, l’Indonésie, le Nigeria et la Russie. Le secrétaire américain à l’Energie souligne en effet que quatre terminaux d'exportation de GNL sont en construction. Ils seront opérationnels dans les prochains mois. «Les premières vagues de livraisons peuvent commencer avant la fin de cette année ou au début de 2016 au plus tard», précise le responsable selon lequel les Etats-Unis ont les capacités d’égaler le Qatar, premier exportateur de GNL d’ici le début de l’année prochaine. Le Qatar exporte actuellement un peu plus de 100 milliards de mètres cubes. L'Australie a amélioré ces derniers temps ses capacités grâce notamment au champ Gorgon, au large des côtes, dans l’océan Indien. Les Américains qui se sont lancés massivement dans le GNL ces 15 dernières années visent la tête du podium. Dans une déclaration faite lors du sommet sur l’Energie IHS CERAWeek à Houston, au Texas, le représentant de l'industrie du gaz naturel a déclaré que le potentiel des exportations américaines pourrait dépasser celui de la Russie, qui est actuellement le plus grand fournisseur mondial de gaz naturel. «Nous sommes à seulement 15 ans dans un processus de 150 ans», a déclaré Steve Mueller, chef de Southwestern Energy, le quatrième plus grand producteur de gaz aux Etats-Unis, tel que rapporté par l’agence Spoutnik. Le développement considérable du bassin de Marcellus, en Virginie, a permis aux Etats-Unis d’augmenter de manière fulgurante et rapide sa production en gaz naturel. Les moyens techniques et technologiques développés ces dernières années permettent aux Américains de mieux exploiter leurs ressources gazières. «Aujourd'hui, les foreurs américains peuvent produire 33% de plus de gaz naturel avec 280 plateformes, alors qu'ils le faisaient en 2009 avec 1 200 appareils», ajoute The Telegraphselon lequel la production totale du gaz de schiste représente aujourd'hui la moitié de la production de gaz des Etats-Unis». L’augmentation de la production encourage ainsi la liquéfaction. En tout, 30 projets sont en cours de réalisation. Le groupe américain Freeport LNG réalise une usine pour 13 milliards de dollars. «Nos projets sont très compétitifs et nous allons continuer à avoir un avantage sur le reste du monde», a dit Michael Smith, patron de Freeport LNG, au Telegraph. La production de GNL aux Etats-Unis a déjà eu un impact sur les prix que fixe la Russie pour l’Europe. L’arrivée en grandes quantités du GNL américain sur le marché européen va assurément faire baisser de manière vertigineuse les prix qui sont déjà considérés comme bas. Aussi, les Etats-Unis peuvent dépasser à moyen terme les pays du Golfe en matière d’exportation de gaz naturel et de pétrole, car, rapporte le même journal, les entreprises américaines spécialisées dans l’exploration ne cessent de découvrir de nouveaux bassins et puits de pétrole. Il y a quelques mois, une nouvelle réserve a été découverte à l’ouest du Texas. Elle pourra donner cinq à six millions de barils de pétrole par jour, plus que le champ de Ghawar en Arabie Saoudite, considéré comme le plus grand au monde. Le directeur de la compagnie pétrolière ConocoPhillips, Ryan Lance, estime que la production pétrolière en Amérique du Nord pourrait atteindre 15 millions de barils jour d'ici 2020 et 25 millions par jour au cours des 25 prochaines années. Autrement dit, trois fois plus que les exportations actuelles de l'Arabie Saoudite. Ces données donnent ainsi froid dans le dos, surtout quand on sait que les revenus de l’Algérie proviennent essentiellement des exportations d’hydrocarbures. Les prix du pétrole qui ont baissé ces six derniers mois de moitié risquent d’atteindre un seuil critique, voire fatidique, pour notre pays. Si les prévisions américaines en termes d’exportation se confirment, il y aura ainsi un effondrement des prix pire que ce qu’on a vécu dans les années 80. L’avenir ne conjecture donc rien de bon pour l’Algérie.
Rafik Meddour
 

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