Comment Kompass a «étouffé» l’affaire du viol d’enfants centrafricains par des soldats français

Le Suédois Anders Kompass est au centre d’un scandale qui concerne directement l’armée française. Ce haut fonctionnaire de l’Organisation des Nations unies (ONU) est accusé d’avoir étouffé une affaire de viol d’enfants centrafricains par des soldats de la Légion étrangère de l’armée française. Le pire est qu’il a remis le rapport de l’ONU aux autorités françaises pour les tenir informés avant que le scandale n’éclate sur la scène publique et leur permettre d’agir pour le bloquer et imposer le silence sur une grave affaire qui secoue l’armée française. Selon le quotidien britannique The Guardian, Anders Kompass est dans le collimateur des Nations unies, lui qui a tenté de se faire passer pour un lanceur d’alerte en dénonçant ces crimes qu’il a lui-même étouffés pendant longtemps. «La fuite a eu lieu une semaine après que le rapport a été remis par les enquêteurs. Il est peu probable que la fuite soit liée à la frustration devant le manque de réactivité de l'Organisation», souligne un responsable au sein de l’ONU, cité par The Guardian, qui a requis l’anonymat. The Guardian affirme avoir pu lire le document confidentiel par le biais de Paula Donovan, la directrice adjointe de l'association Aids Free World qui milite pour la protection des lanceurs d'alerte. Interviewée par le journal français Le Point, elle dit avoir reçu le document en avril dernier. «Les gens devaient savoir ce qui se déroulait en Centrafrique. Je savais qu'une exposition médiatique des faits capterait l'attention de l'ONU», a-t-il indiqué, estimant «insoutenable» de faire taire des viols sur des enfants. Au même journal, Paula Donovan avait expliqué que «aussi terrible soit la vérité, elle n'est malheureusement pas rare. La réponse instinctive de l'ONU à la violence sexuelle dans ses rangs – ignorer, nier, couvrir, déguiser – doit faire l'objet d'une commission d'enquête indépendante». Ce document interne à l'ONU pointait une culture de l'impunité des abus sexuels. Ce fameux rapport a été remis par Anders Kompass aux autorités françaises en juillet 2014. Ainsi donc, Kompass a préféré alerter l’Etat français au lieu de s’adresser comme le font les lanceurs d’alerte aux ONG internationales ou aux médias. Comme première mesure, l'ONU vient de le suspendre pour avoir dissimulé son action et mis en danger la vie des victimes. Anders Kompass, qui a tenté vainement de se faire passer pour un lanceur d’alerte, soutient le Maroc dans son œuvre de colonisation au Sahara Occidental et utilise ses relations pour aider le Makhzen à faire passer son plan d’autonomie au détriment du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Son avenir au sein de l’ONU est désormais compromis. Les Nations unies dénoncent une fuite qui est potentiellement dangereuse pour les victimes. Il est au cœur d’une enquête ouverte sur cette affaire qui fera assurément des vagues en France.
Rafik Meddour
 

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