Ciblée par des attaques sur sa gestion : Nadia Labidi a déposé sa démission à trois reprises

Selon des indiscrétions, l’actuelle ministre de la Culture, Nadia Labidi, a déposé sa démission trois fois. Mais à chaque fois sa demande a été refusée. Acculée de partout sur sa gestion, notamment de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», avec la série de scandales qui ont éclaté sur des cas de détournement, pour finir avec le tapage provoqué par la statue d’Abdelhamid Ben Badis, avant d’être ensuite prise à partie par le Parti des travailleurs (PT) qui l’accuse d’abus d’influence, la ministre a fini par jeter l’éponge. Par ailleurs, nous apprenons de sources concordantes que la justice aurait été saisie de l’affaire opposant la présidente du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, à deux ministres en exercice, celle de la Culture, Nadia Labidi, et celui de la Santé, Abdelmalek Boudiaf. Ce qui risque encore d’aggraver son cas. Cette décision justifierait en aval l’instruction du garde des Sceaux incitant le parquet à s’autosaisir «automatiquement de toute affaire suscitant l’intérêt de l’opinion publique et (à) engager les procédures judiciaires qui s’imposent». Des instructions écrites ont été transmises à tous les parquets généraux pour leur rappeler ce principe et les inviter à s’autosaisir lorsqu’il s’agit d’une affaire «susceptible d’avoir un impact sur l’opinion publique». Dans leurs premières réactions, Mme Labidi et le ministère de la Santé ont accusé la passionaria du PT de «diffamation». Assumant ses propos, Louisa Hanoune a défié les deux ministres de saisir la justice et s’est dite prête à renoncer à son immunité parlementaire, en remettant son mandat de députée. Au-delà de son impact sur cette affaire qui a déjà pris une dimension politique grave, la directive de Tayeb Louh adressée aux parquets généraux apporte la preuve cinglante que la justice n’agit finalement que sur ordre du pouvoir exécutif. Beaucoup de scandales politico-financiers, parfois plus retentissants, ont été révélés par la presse notamment, mais aucune de ces révélations n’a connu une suite, faute d’action judiciaire. La suite réservée aux dossiers publiés par Algeriepatriotique sur des cas de malversations (affaires Chakib Khelil, Saïdani, Anep…), pourtant appuyés de documents, est un exemple illustratif de cette atonie de la justice algérienne. Et même quand il arrive que la justice s’autosaisisse, comme c’est le cas dans l’affaire Saïd Sadi à propos de ses déclarations sur trois personnages du mouvement national, en janvier dernier, la justice ne suit pas son cours parce que là encore le parquet est souvent sujet à des injonctions qui changent au gré de l’intérêt immédiat des décideurs ou des rapports de forces conjoncturels. Alors, la question est de savoir si cette instruction du garde des Sceaux peut inaugurer une nouvelle ère consacrant l’indépendance de la justice ou seulement elle participe d’un jeu politicien dicté par la conjoncture.
R. Mahmoudi
 

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.