Fonds de l’UE pour le «développement» des médias au Maghreb : pour quels desseins ?

Pourquoi l’Union européenne s’échine-t-elle, à travers différents fonds et organismes, à vouloir «soutenir» la société civile dans ses différentes composantes ou telle ou telle corporation dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, particulièrement ceux du Maghreb ? La question se pose au vu de la multiplication d’offres qui paraissent désintéressées et généreuses, en vue d’aider à la formation de leurs bénéficiaires et à l’ouverture vers des valeurs démocratiques. Il en est ainsi du «Fonds Aswatona pour le développement des médias». Une initiative de «financement régional et multi-partenaire de 1,5 million d’euros pour le renforcement du secteur des médias indépendants dans les pays du Maghreb et du Machrek». Un projet reconduit cette année après une première expérience en 2014, et qui selon les organisateurs fait partie du «programme de l’Union européenne Média et Culture pour le développement dans le sud de la Méditerranée». Il entend en particulier «renforcer le rôle des médias et de la culture en tant que vecteurs de la démocratisation et du développement économique et social dans les sociétés du sud de la Méditerranée». Le fonds a pour but de «favoriser le pluralisme des médias, en particulier à travers des radios associatives, et de renforcer les voix des femmes, des jeunes, des communautés rurales et éloignées, et des groupes marginalisés». Pour quels desseins ? Les médias de ces pays, dont l’Algérie, ont-ils besoin de ces financements pour s’émanciper et trouver la voie qui leur convient ? Les groupes marginalisés, les femmes, les journalistes, etc., ne seront-ils émancipés que s’ils doivent leur «bonheur» à une «offrande» de l’Union européenne ? Seront-ils libres, par la suite, de prendre leurs distances avec elle ou devront-ils lui être reconnaissants pour toujours, quitte à mettre leur souhait d’émancipation de toute tutelle entre parenthèses ? Le Fonds Aswatona se targue en tout cas d’offrir et de soutenir «cinq actions : les échanges d’expériences et de bonnes pratiques ; le développement d’audience et de la pérennité ; les productions médiatiques sociales ou culturelles ; la promotion du dialogue politique médiatique ; et le renforcement du réseautage et de la solidarité». Il est à noter que le deuxième appel à demandes de subvention ouvert le 4 mai 2015 se termine le 18 juin à 2015. Le Fonds précise que le premier appel de demandes de subvention qui s’est terminé en juillet 2014 a permis le financement de 50 organisations de la société civile : deux en Jordanie, trois en Syrie, cinq dans les Territoires palestiniens occupés, huit en Egypte, une au Liban, cinq en Tunisie, deux en Algérie et 24 au Maroc. Les organisations soutenues par le Fonds Aswatona sont des médias indépendants locaux et des organisations de la société civile, ainsi que les principales parties prenantes dans le développement du secteur des médias associatifs communautaires, y compris les associations professionnelles, les universités et les organismes de formation.
Meriem Sassi
 

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