Des universitaires appellent à préserver la Faculté centrale d’Alger

Des professeurs d’université et des chercheurs de renom appellent à préserver la Faculté centrale d’Alger en la transformant en musée ou en bibliothèque universitaire. Intervenant lors d’un forum nocturne du quotidien Liberté, plusieurs professeurs ont relevé l’importance de préserver, de réhabiliter et de classer les bâtiments de cette faculté, et bien conserver les documents et les collections rares qu’elle abrite. Constitués en collectif «Jamiaât Jazaïr», qui a lancé au début du mois courant une pétition pour faire face au délabrement de cette faculté historique fondée en 1909, ces enseignants appellent à une grande mobilisation de la communauté universitaire pour sauver les lieux. Pour la Pr Fettouma Chikhi, géologue, ex-responsable des collections du Musée de paléontologie, la faculté centrale se vide, petit à petit, de sa substance et perd son âme. Le même constat a été fait par la Pr Nadia Bouguedoura, botaniste, et Zoulikha Bekkadour, moudjahida, ex-responsable de la bibliothèque universitaire. Elles expriment leur crainte pour ce site et tiennent à exprimer publiquement leur refus catégorique de se taire devant ce qu’elles qualifient de processus d'évacuation graduelle et systématique qui viendrait justifier a posteriori le caractère vide et vacant du site pour l’affecter à d’autres fonctions institutionnelles. Pour ces universitaires, la faculté centrale «agonise et rien n’est fait pour entretenir l’établissement ni la mémoire de ceux qui ont servi l’Algérie dans ces lieux depuis la guerre de Libération nationale». Elles font état de l’abandon et de la dégradation du site dans toutes ses composantes inestimables avec son bâti, ses fonds documentaires, archives, collections, spécimens et autres pièces uniques et inestimables. Un site qui a vu, rappellent-elles, les étudiants musulmans algériens s’organiser au sein de l'Ugema et décréter la grève de 1956. Elles soulignent également le fait que ces murs ont été fréquentés par les martyrs Mohamed Rachid Amara, Abderrahmane Taleb, Maurice Audin et tous leurs compagnons de lutte qui ont quitté les bancs de l'université pour participer au combat libérateur : Zoulikha Bekaddour, Benyoucef Benkhedda, Mohamed Seddik Benyahia, Hafsa Bisker, Zohra Drif, Pierre Chaulet, Lamine Khène, Malika Mufti, Daniel Timsit… Au regard de l’importance de la collection scientifique documentaire, botanique, géologique, la Pr Yasmina Chaïd Saoudi dit voir bien cette faculté se transformer en musée d’histoire naturelle. La pétition lancée par le collectif a été signée par plus de 300 universitaires. Les initiateurs de cette pétition espèrent voir les pouvoirs publics accéder à leur revendication.
Fahim Amraoui
 

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