Le but avoué de Nicolas Sarkozy en Libye : amener les islamistes au pouvoir

D’après des sources médiatiques en Tunisie, l’ancien président français Nicolas Sarkozy a rencontré à Tunis, secrètement, à l’insu de ses hôtes de Nida Tunès, des chefs terroristes du groupe islamiste Fajr Libya avec lesquels il a discuté de la situation en Libye. Fajr Libya est présenté par les dirigeants occidentaux comme des «islamistes modérés» qui affrontent… des «djihadistes», autrement dit l’affreux Daech. Pour comprendre cet amalgame fabriqué par l’hypocrisie des Occidentaux, il faut revenir à la situation que nous avons vécue durant les années 1990, c’est comme si nous avions soutenu l'AIS contre le GIA ou inversement, en Algérie, pendant que les deux groupes terroristes se disputaient les zones d'influence en se livrant une guerre sans merci. A croire que les extrémistes de Daech ont été inventés pour «valoriser» les modérés, par comparaison avec les «plus criminels» qu’eux et faciliter l’opération consistant à les amener au pouvoir. Car c’est bien l'objectif honteusement avoué par Nicolas Sarkozy dans son aventure libyenne, en 2011, alors qu’il était à la tête de l’Etat français : placer les islamistes au pouvoir à Tripoli. C’est le sens de ses paroles lancées à Tunis où il a dit : «Avant de partir, j'ai laissé un gouvernement de modérés en Libye» (c'est-à-dire un gouvernement islamiste !). Exactement comme le voulait pour l’Algérie, vingt ans avant lui, en 1991, son prédécesseur, un certain François Mitterrand. L’entêtement à ne pas reconnaître sa responsabilité dans le chaos libyen qui menace la Tunisie en premier lieu pousse Sarkozy à accuser «sa» communauté internationale, celle qui a organisé l’assassinat de Mouammar Kadhafi, d’avoir abandonné la Libye. Cette démarche lui permet en même temps de nier une autre réalité qui saute aux yeux, celle de la nature du mouvement islamiste, dans ses diverses fractions, qui a servi d’instrument local à l’agression occidentale contre la Libye. A l’époque, de nombreuses voix, y compris en France, se sont élevées pour mettre en garde contre les conséquences de l’intervention militaire occidentale, appuyée par l’Otan, visant à imposer l’installation au pouvoir d’islamistes «modérés» qui ont conduit la Libye dans la situation chaotique sans fin dans laquelle elle est plongée. Sarkozy se sent partie prenante de ce qui se passe en Libye et au lieu de faire oublier ses méfaits sur ce pays, à défaut d’aider à faire réussir les efforts visant à trouver une solution pacifique aux conflits qui le déchirent, il cherche sans doute à attiser le feu en soutenant le groupe islamiste Fajr Libya. Heureusement pour la vérité des faits, Sarkozy n’est pas le seul à parler de la situation en Libye et il n’a pas le monopole de l’explication de ce qui s’y est passé en 2011. Son carnaval dramatique à Benghazi, avec la complicité de son sinistre compagnon BHL, a été récemment dévoilé par les révélations apportées dans le cadre d'une enquête sur l’attentat anti-américain contre le consulat de Benghazi, en 2012. Selon des emails de l'ex-secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, rendus publics par le département d'Etat, les services secrets français ont organisé et financé les troubles contre Mouammar Kadhafi, non pas pour mettre fin à une dictature et sauver un peuple, mais dans le but de voir les nouvelles autorités favoriser les entreprises françaises, en particulier dans le secteur pétrolier. Pour arriver au pouvoir, les islamistes sont prêts à n’importe quelle compromission, voire trahison, cela les Occidentaux le savent et c’est ce qui explique, depuis l’attitude de François Mitterrand jusqu’à celle des dirigeants actuels, en passant par Sarkozy, le penchant des dirigeants français pour cette option. Et si on se base sur la dernière déclaration de Sarkozy à Tunis, concernant l’Algérie, ce projet n’est pas abandonné.
Houari Achouri
 

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