L’Algérie doit investir dans des segments au sein de filières internationalisées

Par Abderrahmane Mebtoul – Les choix de développement des filières doivent être cohérents avec les tendances lourdes internationales, car les tendances incontournables à l'internationalisation des économies tendent à reléguer au second plan les politiques et contrôles nationaux au profit d'espaces économiques régionaux ( CEE) ou mondiaux (OMC). La libre circulation des produits génère une hyper-compétitivité qui demande une réallocation rapide des ressources à l'échelle régionale (demain à l'échelle mondiale). Le maintien abusif de filières non compétitives équivaut à une subvention indirecte, mais, surtout, en empêchant une optimisation des capitaux investis, pénalise l'avenir des filières les plus dynamiques. Les analyses du commerce international, sur une période longue, montrent que les branches industrielles ont un cycle de vie analogue aux produits industriels, cependant plus complexe. Les pays «convergents» (qui ont rattrapé le niveau de vie du groupe des anciens pays industrialisés) sont ceux qui ont renforcé leurs avantages sur les produits dynamiques. La productivité apparente du capital (valeur ajoutée par unité de capital installé) baisse dans tous les pays, ce qui est cohérent avec le cycle économique actuel et les technologies qui ont généré de la surcapacité. Il faut donc examiner d'autres paramètres qui expliquent la productivité globale des facteurs de production (part de la croissance qui ne s'explique pas par la progression du stock de capital et de travail, mais par l'immatériel). L'utilisation des statistiques du commerce international permet de révéler les caractéristiques des tissus industriels, de dégager la structure de spécialisation d'un pays, notamment sa capacité d'insertion internationale. Cette méthode des «Avantages comparatifs révélés» (ACR) mesure la compétitivité à moyen et long termes d'un secteur d'activité. Le taux de change effectif réel (TEER) mesure le rapport des prix des biens du pays étudié convertis en dollars, avec la moyenne des prix en dollars de ces mêmes biens auprès des principaux partenaires commerciaux du pays considéré. C'est un indicateur de compétitivité. Une augmentation de cet indice traduit une appréciation des prix, donc une perte de compétitivité. Les analyses montrent que les entreprises privées sont un terrain de plus grand dynamisme économique que les entreprises publiques, car elles s'ajustent plus rapidement au marché et font une meilleure allocation des ressources. Leur poids dans l'économie est un facteur indicatif d'adaptation important. Les choix de développement des filières doivent coller avec la structure socio-économique et culturelle du pays. La forte démographie a généré un fort accroissement de la population algérienne, allant vers 50 millions d'habitants à l’horizon 2030 (38 millions d'habitants au 1er janvier 2013). Les emplois créés dans le secteur lourd à forte intensité de capital coûtent entre 4 et 10 fois plus que dans une PMI. Ceci résulte en une industrie peu créatrice d'emplois dans un pays à forte croissance démographique. La dépendance technologique propre à l'outil industriel existant ne peut plus s'accorder de l'absence d'ouverture du capital vers les groupes internationaux et du contrôle rigide du commerce extérieur. Pour les entreprises privées, les performances sont encore freinées par le savoir-faire entrepreneurial limité, mais aussi par la difficulté d'accès aux technologies modernes et par des normes de qualité obsolètes. En plus de la mobilisation de l'épargne domestique (faible bancarisation) où tout se traite en cash avec l'importance de la sphère informelle contrôlant 40/50% de la masse monétaire en circulation, l'on doit mettre en place des réseaux pour une meilleure attractivité du pays aux IDE ainsi qu'aux fonds de la communauté émigrée. Ceci devrait être géré par le système bancaire qui reste à moderniser, car il ne dispose d'aucun des outils permettant de favoriser l'équipement, donc le développement de l'entreprise (par exemple, crédit-bail, escompte des traites, nantissement des marchés publics, etc.). Le poids historique de la lourdeur bureaucratique caractérise l'ensemble des organismes qui interviennent dans le cycle de la vie de l'entreprise est une entrave constante au fonctionnement efficient de celle-ci. Leur disparition ne sera que progressive. Ceci est probablement aggravé par un système judiciaire lent, peu transparent et non adapté à une économie moderne. L'important est donc la spécialisation non pas dans les branches (vision dépassée), mais dans la dynamique des produits. La spécialisation d'un pays dans le commerce international révèle sa compétitivité à moyen et long termes au niveau sectoriel.
A. M.

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