Un climat d’incertitude pèse sur le pays : agitation en haut lieu, inquiétude chez la population

Il règne un climat lourd à l’orée de la rentrée sociale. Les dernières sorties médiatiques du gouvernement et l’apparition du président Bouteflika recevant son homologue malien ne suffisent pas à tranquilliser une population de moins en moins sereine depuis la chute brutale des prix du pétrole. Face à cette inquiétude ostensible, le pouvoir répond par un discours rassurant, mais en complet déphasage avec la réalité. Plusieurs ministres sont montés au créneau ces derniers jours pour rasséréner les citoyens sur l’irréversibilité de la gratuité des soins, la poursuite de la politique sociale du logement, l’absence d’impact de la crise pétrolière sur la santé financière du pays, etc. La dernière réunion du Premier ministre avec les walis, qui a bénéficié d’une importante couverture médiatique, comme s’il en était attendu quelque décision qui changerait le cours des événements du jour au lendemain, devait servir d’exutoire pour un gouvernement coincé entre l’obligation d’achever un programme présidentiel contrarié par la nouvelle situation économique induite par la baisse des recettes pétrolières et la difficulté de respecter les engagements démesurés pris lors de la campagne électorale pour la réélection de Bouteflika. Parallèlement à cette activité officielle, les médias se font l’écho de changements opérés au sein des services de sécurité, de mises à la retraite «inexpliquées» de hauts gradés de l’armée, notamment au sein du Département du renseignement et de la sécurité, de poursuites judiciaires contre «M. Antiterrorisme» et, plus récemment encore, de la «fuite vers l’étranger» de généraux remerciés depuis peu et craignant pour leur sécurité depuis qu’ils ont été éjectés du sérail pour des raisons qui demeurent inconnues à ce jour. Sur ces entrefaites, les fanatiques religieux reprennent du poil de la bête et tentent une incursion au milieu du vide sidéral créé par l’apathie de la plus haute instance dirigeante et l’éparpillement du pouvoir qui pousse la rue à se demander d’où émanent les décisions, qui nomme qui et qui limoge qui. D’aucuns voient dans cette situation floue les mêmes signes avant-coureurs qui avaient préludé au soulèvement populaire d’octobre 1988, tandis que d’autres craignent une démobilisation citoyenne qui fragiliserait le pays et le rendrait vulnérable aux nombreuses tentatives de déstabilisation qui le ciblent de l’extérieur. Il en va ainsi de l’introduction d’immenses quantités de drogues par la frontière marocaine, des trafics en tous genres aux frontières avec le Mali et le Niger, de la menace d’infiltrations terroristes à partir des frontières avec la Tunisie et, plus grave encore, des tentatives d’extension de l’«émirat» de Daech vers le territoire algérien à partir de la Libye. Pour le moment, l’armée tient bon, mais les experts mettent en garde contre cette guerre d’usure qui risque de surmener nos services de sécurité qui se battent sur trois fronts : la lutte implacable contre le terrorisme islamiste, la traque incessante des contrebandiers et la guerre sans merci contre les narcotrafiquants. La gravité de ces trois missions difficiles et hautement stratégiques rend les supputations autour des relations électriques entre le Président et le patron du DRS accessoires.
M. Aït Amara

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