Ecologie : le scandale Volkswagen met à nu le retard de l’Algérie

Le groupe allemand Volkswagen a annoncé qu’il va rappeler 11 millions de véhicules dans le monde équipés du fameux logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution. Parmi ces véhicules qui seront rappelés par la maison mère, il y aura cinq millions de voitures de marque Volkswagen, 2,1 millions de berlines haut de gamme Audi et 1,2 million de Skoda. Ce scandale met aussi à nu une réalité longtemps cachée d’un pays qui ne se soucie pas de la protection de l’environnement. Notre pays n’applique pas les normes antipollution en vigueur en Europe, en Asie ou aux Etats-Unis. Autrement dit, les véhicules vendus en Algérie ne sont pas soumis à des contrôles relatifs à ces normes. L’absence d’un dispositif clair et constamment actualisé pour limiter les émissions de gaz et autres particules néfastes pour la santé et l’environnement permet ainsi la vente de toutes sortes de véhicules qui ne correspondent pas aux exigences environnementales européennes et américaines. Pourtant, il y a eu un texte qui encadre les rejets autorisés pour les véhicules automobiles. Remontant à 2003, le décret exécutif n°03/410 définit «les seuils limites des émissions des fumées, des gaz toxiques et des bruits par les véhicules automobiles». Ces seuils limites concernent à la fois les rejets toxiques, le monoxyde de carbone (CO), les hydrocarbures imbrûlés (HC), les oxydes d’azote (NOx) et les particules. Bien qu’elles existent, ces limitations de rejets ne sont pas appliquées. Et cette législation reste en retard par rapport à ce qui se fait en Europe et aux Etats-Unis. Car la législation antipollution automobile a beaucoup évolué en Occident. Depuis 2000, l’Europe a adopté des textes de loi qui tiennent compte de l’aggravation de la dégradation de l’environnement. Ainsi après Euro 1 en 1996, Euro 2 en 1996, l’Europe a adopté les normes dites Euro 3 en 2000, Euro 4 en 2005, Euro en 2009 et Euro 6 en 2014. Autrement dit, depuis 2003, beaucoup a changé en matière de protection de l’environnement. Mais la législation algérienne n’a pas suivi cette évolution en la matière. Et le boom qu’a connu le marché automobile durant ces dernières années en Algérie s’est traduit par l’aggravation de la pollution atmosphérique dans les zones urbaines. Une pollution due en partie aux émissions des voitures. D’après un rapport du programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) publié en avril 2014, l’Algérie est le seul pays en Afrique qui utilise encore l’essence avec plomb. La quantité en soufre qui se trouve dans le gasoil vendu sur le marché national est supérieure à la norme en vigueur, même en Afrique. Si l’Algérie peut se targuer d’être meilleure que l’Egypte, la Somalie et le Congo, elle reste loin derrière d’autres pays comme la Tunisie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud qui ont le taux le moins élevé de soufre dans le gasoil. Le scandale de Volkswagen va-t-il inciter les autorités algériennes à imposer des normes antipollution qui correspondent à la législation en vigueur dans de nombreux pays ? L’avenir nous le dira. En attendant, les voitures continuent de polluer l'atmosphère en Algérie.
Rafik Meddour
 

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